Utilisés depuis l’antiquité pour fabriquer des couvertures, puis des chapeaux, les cheveux ont été un temps oubliés avant de reprendre du poil de la bête à des filières de recyclage. Fondée par un coiffeur du Sud de la France, l’association Les Coiffeurs justes vient de commercialiser des "boudins" de cheveux capables de dépolluer l’eau des ports, des cours d’eau, du ruissellement des routes, des fonds de cale des bateaux. C’est l’application la plus aboutie, mais d’autres multiples possibilités commencent à être exploitées.
Et si nous avions à portée de main, ou plutôt de ciseaux, une matière première illimitée, aux ressources insoupçonnées ? Plusieurs milliers de coiffeurs en France recyclent 100% des cheveux coupés. Les cheveux naturels ou colorés. Longs, courts… Jérémie Cannarozzo, coiffeur du salon Beauty Zen dans le 13e arrondissement de Paris, récupère toutes les chutes et les place immédiatement dans un sac de recyclage.
"Dans un sac, il y a à peu près l’équivalent de 200 coupes, soit 2,5 kilogrammes de cheveux", explique-t-il. Auparavant, les cheveux représentaient la moitié des déchets à traiter dans le salon de coiffure. Aujourd’hui, ses sacs de recyclage sont directement relevés par son fournisseur de produits de soin Davines, et expédiés en Provence.
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C’est à Brignoles qu’un coiffeur a imaginé – et mis en pratique – cette aventure qui est en train de passer au stade industriel. Thierry Gras, de l’association Coiffeurs justes, montre ses hangars remplis de tonnes de sacs venant de toute la France : "L’idée est rapidement de monter de multiples filières comme la nôtre sur tout le territoire. Que les déchets de cheveux de Paris soient traités à Paris, ceux de Bretagne en Bretagne, etc." Ici, c’est une association de réinsertion (ACI) qui s’occupe de traiter cette "matière première" comme il aime à le rappeler.