Les médecins qui soignent les détenus de Lantin, de Paifve et de plusieurs autres établissements pénitentiaires font la grève du zèle. Ils travaillent, mais comme un dimanche ou un jour férié. Leur but : dénoncer plusieurs dysfonctionnements sanitaires, comme l’explique le docteur Paul Massion. Il est bénévole, chargé de vérifier le respect des droits humains derrière les barreaux.
"On soutient vraiment ce mouvement", assure-t-il. "On a un problème très critique : le programme informatique a rendu l’âme dans la prison. Cela engendre des erreurs de prescriptions, certains détenus reçoivent deux doses de médicament plutôt qu’une et ça peut être dangereux. Ou à l’inverse, ils ne reçoivent pas un médicament qui a été prescrit".
Mais ces couacs informatiques révèlent des lacunes bien plus profondes selon le médecin : "Il faut que la santé des détenus soit prise en charge par le ministère de la santé et non plus celui de la justice." Le docteur Paul Massion insiste : "Toutes sortes de dysfonctionnements concernant la santé des détenus viennent du fait que ce n’est pas la mission première du ministère de la justice. C’est comme si on demandait à un ministère de la santé de juger des criminels qui seraient hospitalisés. Ce ne sont pas les bons interlocuteurs."
La santé, c’est un droit humain, tous les gens ont droit d’être soignés de la même manière.
"Les médecins sont complètement désemparés", déplore-t-il. Une situation qui perdure depuis une dizaine d’années. Les soignants se sentent à bout. Depuis novembre 2020, ils réclament une aide logistique et davantage de personnel pour assurer le suivi médical des détenus. Ce premier juin, ils interpellaient les ministres via un courrier dans lequel ils prévenaient qu’ils se mettraient en grève à la mi-juin si aucune réponse satisfaisante ne leur était adressée. C’est chose faite. Notons aussi que les médecins de ces établissements pénitentiaires viennent de recevoir l’appui de la commission de surveillance de la prison.