Vacciner les adolescents ou donner ses vaccins aux pays plus pauvres : que devrait faire la Belgique ?

Préparation d’une seringue pour la vaccination

© Spencer Platt/Getty Images

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Par A. L. avec L. Van de Berg

Aux Etats-Unis, le vaccin Pfizer peut désormais être inoculé aux 12-15 ans, l’agence américaine des médicaments a donné son feu vert. De son côté, le patron de l’OMS appelle plutôt à donner ces doses en priorité aux pays défavorisés via le programme COVAX. C’est une question sanitaire et éthique compliquée dont on discute également en Belgique. Le laboratoire allemand BioNTech et son partenaire américain Pfizer ont annoncé le 30 avril avoir déposé auprès de l’Agence européenne du médicament une demande d’autorisation pour leur vaccin anti-Covid pour les jeunes de 12 à 15 ans, ouvrant la voie à une homologation dès juin. Actuellement il n’est autorisé qu’à partir de 16 ans.

En Belgique, cette question éthique est débattue au sein du Conseil supérieur de la Santé : "Est-ce qu’il est vraiment éthique de vacciner des enfants qui ne sont pas à risque et qui ne font pas des formes graves de la maladie ?" demande la pédiatre Anne Tilmanne, infectiologue à l’HUDERF (Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola) et membre du Conseil supérieur de la Santé pour la vaccination. "Les dernières données que l’on a en Belgique montrent que cette maladie reste une maladie légère chez les adolescents et les enfants. Est-il éthique de les vacciner alors que, dans d’autres pays, des vieillards et du personnel de santé ne peuvent pas recevoir le vaccin parce que ces pays ne les ont pas ?"


►►► À lire aussi : Le programme COVAX ou comment répartir de façon équitable les vaccins entre les pays


Dans les faits, le principal objectif en Belgique reste d’atteindre un taux de vaccination de 70% de la population. Et pour cela il faut convaincre les adultes. "Quand on se lance dans une campagne de vaccination, c’est très important d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au moment où la vaccination va faire s’estomper la circulation du virus", explique le docteur Emmanuel André, microbiologiste (KU Leuven). Ensuite il serait possible, voire indispensable, d’aider les pays avec lesquels nous entretenons des liens réguliers : "On aura probablement beaucoup plus d’avantages à soutenir un effort de vaccination dans les pays situés en dehors de l’Europe ou des Etats-Unis : en Afrique, en Asie et en Amérique latine, pour les aider à maîtriser aussi ce phénomène épidémique. Sinon nous serons sans arrêt sujets à des risques d’importation de cas et de variants" ajoute Emmanuel André.

L’épicentre de l’épidémie n’est plus en Europe. Les vagues mortelles touchent les pays les moins riches et des tranches d’âge à risque.

 

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