Des géants financiers achètent à prix d'or les droits d'auteur des stars de la musique

Le groupe de rock The Red Hot Chili Peppers a cédé son catalogues de chansons pour 140 millions de dollars.

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Par Kamel Azzouz

Dans le monde de la chanson, les grandes stars internationales sont de plus en plus nombreuses à céder, en tout ou en partie, les droits d’auteur de leurs œuvres à un fonds d’investissement qui exploitent leurs chansons. Tout récemment, c’est le groupe américain The Red Hot Chili Peppers qui a vendu son catalogue de chansons à Hipgnosis, l’un des géants de la gestion de droits musicaux, pour une somme évaluée entre 140 et 150 millions de dollars.

En son temps, le groupe Kiss avait vendu les droits de son répertoire, tout comme David Bowie qui avait hypothéqué ses revenus futurs.

Plus tard, d’autres légendes de la musique ont également cédé la propriété de leurs chansons à des géants financiers : Bob Dylan, Neil Young, Dolly Parton, Blondie, etc.

Aujourd’hui, les stars actuelles franchissent aussi le pas, comme Shakira, Bruno Mars, The Red Hot Chili Pepers ou Ed Sheeran, en cédant les droits d’une ou plusieurs œuvres musicales afin de toucher rapidement une fortune.

Un énorme chèque contre une optimisation de la rentabilité

Ces géants financiers ou de l’industrie musicale optimisent alors la rentabilité des œuvres. Leurs fonds de commerce ne sont pas les revenus liés aux ventes de disques ou au streaming, mais il s’agit plutôt de placer la musique dans une publicité, au cinéma, à la télévision, à la radio ou dans des lieux publics.

Pour rentabiliser cette financiarisation de la musique, ces firmes spécialisées dans l’exploitation musicale ont bien sûr des critères de sélection. Il faut bien justifier les juteux contrats offerts aux artistes, comme nous l’explique Michel Lambot, le cofondateur du label belge Pias : "Il y a deux facteurs. C’est la longévité, donc montrer que j’ai un répertoire qui tient depuis 20, 30 ou 40 ans. Dont on peut espérer qu’il tiendra encore 20 ou 40 ans. Ce qui est impossible pour des artistes émergents ! Il faut s’adresser à un public qui est le monde. Pas la Wallonie ou la francophonie, ou même l’Europe. Il faut vraiment plaire au monde entier."

A la recherche de nouvelles sources de revenus

Le marché du disque s’est effondré suite à l’avènement du téléchargement sur internet, puis du streaming. C’est sans compter sur l’arrêt des concerts liés à la pandémie.

Alain Berenboom, avocat spécialisé en droits d’auteur nous explique que ce sont pour ces raisons que les artistes tentent de trouver de nouvelles sources de revenus : "La raison est plus financière qu’artistique. Les compositeurs, comme les interprètes, gagnaient bien leurs vies en ayant un pourcentage sur la vente des disques. Mais depuis l’invasion d’internet, c’est fini ! Les disques ne se vendent plus ou de manière dérisoire, et les revenus tirés de l’exploitation des musiques sur les plateformes sont dérisoires aussi aujourd’hui".

Jacques Brel, l’inaccessible étoile

En Belgique, rares sont les artistes susceptibles d’attirer l’attention et l’intérêt de ces géants financiers et de leurs chéquiers. L’importance du répertoire et la force du rayonnement international font de Jacques Brel un profil remarquable financièrement. Ses œuvres sont gérées par sa fille France Brel, vous n’entendrez jamais la voix de Jacques dans une publicité, même pour des centaines de millions de dollars.

Francis de Laveleye, administrateur de la fondation Brel, nous livre que la transmission est bien plus valorisante que le profit à l’extrême : "Une partie de l’utilisation du catalogue se fait automatiquement à la diffusion par les radios ou les télévisions, ou par les artistes qui l’interprètent sur scène. Mais toutes les autres questions comme les traductions, les utilisations dans le cinéma, la publication dans des livres, etc., tout cela se discute directement avec France parce qu’elle sait que c’est une question de relation humaine. Ce n’est pas une question de gestion administrative, ou d’optimisation des revenus".

Sécurité financière, retraite dorée, avantage fiscal par rapport aux droits de succession, etc., les grands artistes de renommée internationale voient beaucoup d’avantages en vendant leurs droits d’auteur. Malgré le risque d’une perte de contrôle leurs œuvres. Autant dire que les stars mondiales actuelles et les géants financiers s’accordent sur cette nouvelle partition de l’économie du monde de la musique.

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