De grands rassemblements sans débordements : comment faire ?

Place Flagey : des rassemblements dispersés tard dans la nuit

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Par Rudy Hermans, K.D.- RTBF

La nuit de samedi à dimanche a été agitée du côté de la place Flagey, à Ixelles. Environ 500 personnes, essentiellement des adolescents et de jeunes adultes, sont restées sur les lieux après la fermeture des terrasses de cafés, à 22 heures.

Après plusieurs appels à la dispersion, par la police d’abord et par le bourgmestre ensuite, la place a été évacuée par les forces de l’ordre vers 01h30 du matin. Bilan : trois personnes arrêtées administrativement et deux blessés (un participant et un policier).

Echec du dialogue

Après les récents événements survenus dans le bois de la Cambre, les autorités ixelloises ont tenté d’éviter des heurts entre jeunes et policiers. Mais l’intervention n’a donc pas pu être évitée.

"C’était le jour de fin du couvre-feu, le jour d’ouverture des terrasses, après plusieurs mois de restrictions compliquées. Je comprends que certains avaient envie de respirer et d’en profiter, et j’entends les citoyens demander qu’on arrête de les infantiliser. Donc nous avons fait preuve d’énormément d’empathie, nous avons accepté l’appel à la fête et toléré des choses qui vont au-delà de ce qui est normalement autorisé, commente le bourgmestre Christos Doulkeridis (Ecolo). Mais ceux qui veulent qu’on les responsabilise doivent adopter un comportement responsable. L’espace public appartient à tous les citoyens, pas uniquement à certains d’entre eux. Les riverains ont droit à de la quiétude, même dans un quartier urbain. Je regrette vraiment l’issue de cette soirée, je suis triste qu’on en soit arrivé là".

Bruno Humbeek, psychopédagogue à l’U-Mons était l’invité de notre 19h30

Changer de stratégie

Le spécialiste explique que ces événements sont aussi dus au fait qu'"on fait passer ce qui se produit actuellement comme une forme de "libération". Et donc vous avez cette foule en liesse, cette joie débordante". Mais selon lui, le mot "libération" n’est pas le bon. On devrait parler de "dégourdissement"… qui doit être progressif. "L’idée de faire passer l’ouverture d’un seul secteur comme une libération, c’est inévitable d’obtenir ce type d’événement". Qui devrait, selon Bruno Humbeeck, se répéter. Foule en liesse, puis rappel à l’ordre.

Pour le psychopédagogue, il faut changer cette "stratégie du robinet". Et de procéder, selon lui, par une ouverture de "tous les robinets" (les secteurs d’activité, ndlr) mais progressive. Mettre du "contenu" dans ces rassemblements. Afin de ne pas créer des "multitudes qui créent des événements incontrôlables". Et ces événements culturels doivent s’organiser avec une concertation pour que la civilisation soit "adoucie par la culture".

Situations tendues

Aux quatre coins du pays, les terrasses de cafés et de restaurants ont été prises d’assaut ce samedi, généralement dans la bonne humeur. Mais à certains endroits, la situation a également été un peu tendue, comme Hasselt, où la police a interpellé une dizaine de personnes pour trouble à l’ordre public, bagarre et ivresse publique.

A Arlon, suite aux débordements de la soirée, le bourgmestre a décidé de fermer les cafés d’une place du centre-ville à 18 heures ce dimancheEt dans un autre cadre, à Houyet, la police a dû intervenir pour mettre un terme à une rave party rassemblant 500 personnes sous un pont de l’autoroute E411. Là aussi, le dialogue avec les organisateurs et les participants a échoué.

"Tout le monde a besoin de se retrouver. Mais pour garder le contrôle, il faut des protocoles clairs qui dépassent les limites de la commune ou de la zone d’action de police. Cela doit être régional, voire fédéral. Plus c’est flou, moins la population adhère aux mesures. Quand on voit la différence de couvre-feu qu’il y avait entre la Région bruxelloise et la Wallonie", regrette Maxime Daye (MR), bourgmestre de Braine-le-Comte et président de l’Union des Villes et communes de Wallonie.

Les rassemblements estivaux

Les terrasses n’étaient qu’une étape. L’ouverture complète de l’horeca doit suivre. Et les grands rendez-vous de l’été se profilent, notamment l’Euro de football à partir du 11 juin.

"Il ne faut pas croire que les gens vont rester chez, dans leur bulle familiale. Ils vont avoir envie de communiquer leur joie en cas de victoire des Diables rouges, poursuit Maxime Daye. A titre personnel, je préfère des activités encadrées par les autorités, comme on le fait hors pandémie avec des zones délimitées pour pouvoir mieux contrôler ce qu’il s’y passe. C’est vraiment une clé de la réussite. C’est pour ça que les professionnels de l’événementiel (secteur toujours à l’arrêt, ndlr) sont si vindicatifs, car ils ont l’expertise, ils savent comment organiser des événements en toute sécurité".

L’été synonyme aussi de grands festivals musicaux. Certains, comme Rock Werchter, ont déjà annulé l’édition 2021. D’autres espèrent encore, comme le Ronquières Festival notamment (sur le territoire de Braine-le-Comte).

Et là, lueur d’espoir. Selon le Premier ministre Alexander De Croo (Open-VLD), l’organisation de festivals devrait être possible dans la seconde moitié de l’été. Mais cela passera sans doute par le fameux "passeport vaccinal". Cela sera au menu du prochain Comité de concertation, mardi 11 mai.

Duplex à Ixelles dans notre JT de 19h30

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