Le PDG de Pfizer n’est “pas du tout” en faveur de la levée des brevets des vaccins, Merkel non plus
Mise à jourLe PDG du laboratoire américain Pfizer, Albert Bourla, a déclaré jeudi qu’il n’était “pas du tout” favorable à la proposition américaine d’une levée des brevets de vaccins anti-Covid. Il estime, dans un entretien accordé à l’AFP, qu’il faut plutôt accroître la production des sites existants.
Alors que Washington soutient la suspension temporaire des protections de propriété intellectuelle pour les vaccins, afin d’en accélérer la production et la distribution, M. Bourla a pointé la difficulté d’ouvrir des usines fabriquant le sérum BioNTech-Pfizer ailleurs que dans les sites existants aux Etats-Unis et dans l’UE (Belgique et Allemagne). “Nous devons concentrer nos efforts (sur les usines existantes), qui ont la capacité suffisante pour produire des milliards de doses, et nous assurer que l’on ne perturbe pas ces opérations avec des annonces politiquement motivées. Ce sont des promesses vides”, a-t-il affirmé.
“Expertise technique” pointue requise
Un vaccin basé sur la technologie inédite de l’ARN messager, comme celui mis au point par Pfizer et son partenaire allemand BioNTech, suppose un processus “très long” et une “expertise technique” pointue pour mettre sur pied un site de fabrication, explique Albert Bourla. “Comme des vaccins à ARN messager n’avaient encore jamais été produits, le problème est qu’il n’existe pas de telles usines dans le monde en-dehors de celles que nous avons construites nous-mêmes (...) à partir de rien”, souligne-t-il. Les machines spécialement conçues pour fabriquer la formule du vaccin BioNTech-Pfizer ont été commandées à des entreprises spécialisées dans les équipements industriels, et les sites adaptés pour les accueillir. Rien de tel n’existe dans des pays comme l’Inde et l’Afrique du Sud, assure-t-il, alors que ces pays, qui comptent de nombreuses usines pharmaceutiques, militent pour la levée des brevets.
“Goulet d’étranglement pour les matières premières”
“Et il faut insister sur le goulet d’étranglement pour les matières premières (des composants vaccinaux): actuellement, le moindre gramme de matière première produite dans le monde arrive directement à nos usines, et ne reste pas un jour en entrepôt avant d’être transformé en vaccin --et chaque dose, une fois la qualité contrôlée, n’est pas entreposée un jour avant d’être livrée”, plaide le patron de Pfizer. “Cela signifie que si d’autres endroits commencent à commander également de la matière première, celle-ci risque de rester stockée dans leurs entrepôts en attendant qu’ils trouvent un moyen de la convertir en doses de vaccin. Ce serait un revers sérieux si cela arrive”, s’alarme Albert Bourla.
Capacité de production cette année: 3 milliards de doses
BioNTech-Pfizer assure avoir “la capacité” de produire jusqu’à 3 milliards de doses cette année et plus de 3 milliards l’année prochaine. Le duo germano-américain privilégie les transferts de technologie et la délivrance de licences ciblées pour augmenter la production de son vaccin, a réaffirmé BioNTech jeudi, soulignant être en étroite collaboration avec plus de 15 partenaires, dont les laboratoires Merck, Novartis, Sanofi et Baxter.
Joe Biden soutient l’idée
L’administration du président américain Joe Biden a annoncé mercredi soutenir l’idée d’une levée des brevets sur les vaccins, précisant que Washington participait “activement” aux négociations menées en ce sens à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
L’OMC “accueille chaleureusement” la proposition
La patronne de l’Organisation mondiale du commerce a “accueilli chaleureusement” l’annonce américaine. Elle a encouragé l’Inde et l’Afrique du Sud, à l’origine de la proposition, à présenter rapidement un texte révisé. “C’est seulement en nous asseyant autour de la table que nous trouverons le moyen pragmatique et acceptable pour tous les membres d’avancer”, a dit Ngozi Okonjo-Iweala, selon un communiqué lu par le porte-parole de l’OMC, Keith Rockwell.
Merkel veut continuer à “protéger” les brevets
Le gouvernement d’Angela Merkel a en revanche exprimé jeudi de fortes réserves à l’égard de la proposition, estimant au contraire qu’ils devaient continuer à être “protégés”. “La protection de la propriété intellectuelle est la source de l’innovation et doit continuer à l’avenir à le rester”, a indiqué une porte-parole du gouvernement allemand à l’AFP, en réaction à l’annonce de l’administration américaine.
L’avis du laboratoire allemand BioNTech
Le laboratoire allemand BioNTech a pour sa part estimé que la protection des brevets sur les vaccins anti-Covid n’était pas le facteur limitant la production et l’approvisionnement de son vaccin développé avec l’américain Pfizer. “Les brevets ne sont pas le facteur limitant la production ou l’approvisionnement de notre vaccin”, a déclaré à l’AFP le laboratoire.
Pas d’effet “à court et moyen terme”
Pour BioNTech, une telle mesure n’aurait pas d’effet “à court et moyen terme”. “Les experts ont déjà souligné que la mise en place et la validation de nouveaux sites de production prennent en général un an”, argumente-t-il. Par ailleurs, la production de vaccin à ARN messager, comme celui mis au point par BioNTech et l’américain Pfizer, “est un processus complexe développé sur plus d’une décennie. Toutes les étapes doivent être définies et exécutées de façon précise”, par un “personnel expérimenté”, a-t-il notamment expliqué. Si toutes les exigences ne sont pas remplies, la qualité et l’efficacité du vaccin pourraient en être affectées. “Cela pourrait mettre la santé des personnes vaccinées en danger”.
La Belgique reste ouverte à la réflexion
“Nous sommes ouverts à réfléchir sur le statut des brevets sur les vaccins covid”, avait déclaré un peu plus tôt le Premier ministre Alexander De Croo ce jeudi à la Chambre. La Belgique reste ainsi sur la position de la Commission européenne. “L’UE est prête à discuter de toute proposition qui s’attaquerait à la crise de façon efficace et pragmatique. Nous sommes prêts à discuter de la façon dont la proposition américaine peut permettre d’atteindre cet objectif”, a ainsi assuré mercredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
“À circonstance exceptionnelle...”
“À circonstance exceptionnelle, il faut réfléchir à des mesures exceptionnelles”, a répondu Alexander De Croo. Selon le Premier ministre, la réflexion doit porter sur deux aspects: la disponibilité et l’accessibilité financière. Il a en outre appelé à travailler sur cette question “en partenariat, pas en opposant les gens.”
“La santé de tous avant les profits”
Dans la majorité, les écologistes et les socialistes ont explicitement appelé à la levée de brevets. Pour Séverine de Laveleye (Ecolo), “il est important d’écouter davantage les demandes de la société civile, de différents prix Nobel, des pays du Sud et de mettre la santé de toutes et tous, ainsi que la solidarité internationale, avant les profits de quelques industries pharmaceutiques”. “Ne pas lever les brevets sur les vaccins serait laisser aux groupes pharmaceutiques le pouvoir de faire des profits sur le dos des populations les plus vulnérables. Et ça, pour le PS, c’est inacceptable !”, a renchéri le socialiste André Flahaut.
Le PTB s’insurge
Dans l’opposition, Sofie Merckx (PTB) a fait part de sa déception. “La moitié du monde demande la levée des brevets. Et vous dites aujourd’hui qu’il faut encore ‘étudier si éventuellement’. Je trouve cela inacceptable.”
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