Les scandales sanitaires se suivent, se ressemblent et s’oublient rapidement. Celui du "Fipronil" ne fait pas exception. Il a mobilisé la presse quelques semaines durant l’été 2017 et n’a ensuite plus mobilisé que les acteurs de la filière judiciaire. En 2017, des centaines d’élevages de volailles en Belgique et aux Pays-Bas avaient été mises à l’arrêt après la découverte de la présence de fipronil, un insecticide, dans des œufs de poule. Quatre ans plus tard le tribunal correctionnel d’Anvers va juger sept personnes et quatre entreprises accusées d’être responsable de la crise sur les œufs contaminés au Fipronil, substance ne devant pas se retrouver dans l’alimentation.
Des produits interdits dans la chaîne alimentaire
Trop souvent les mêmes procédés sont à l’origine des incidents sanitaires et écologiques : par souci de rentabilité à court terme, des entrepreneurs se posent trop peu de questions sur les effets des produits qu’ils utilisent dans leur processus de fabrication. D’autres en s’adressant à des intermédiaires peu scrupuleux s’exposent aux conséquences qui en résultent. Lorsqu’il s’agit d’animaux et de leurs produits dérivés, les conséquences sont immédiates sur la chaîne alimentaire. Le fipronil, pour rappel, est une substance chimique utilisée notamment par les vétérinaires comme insecticide. Mais il est nocif pour l’humain et ne peut donc pas être administré à des animaux destinés à la production alimentaire.
Préjudice pour une centaine de fermes mises à l’arrêt en 2017
La découverte de Fipronil dans des œufs avait été signalée début juin 2017, à l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca). L’usine à l’origine de la découverte suite à un autocontrôle avait reçu le lot d’œufs contaminés d’une ferme avicole de Lokeren. La priorité absolue de l’Afsca avait été alors de vérifier rapidement l’ampleur de la présence de Fipronil dans les œufs livrés directement aux consommateurs. Près d’une centaine de fermes de ponte avait été mise à l’arrêt et des échantillons prélevés pour vérification et pour limiter les effets en cascade pour nos producteurs dans les pays frontaliers.
Des produits importés de Roumanie sans licence
En remontant la filière, l’enquête conjointe de l’Afsca et des autorités judiciaires a permis d’établir que les installations de la ferme avaient été traitées avec du Dega-16, un produit contenant l’insecticide mis en cause. Et bien évidemment la société de désinfection néerlandaise "Chickfriend" intervenue dans la ferme pour éviter la présence de poux rouges avait utilisé ce même produit dans des centaines d’autres élevages. Les produits mis en cause avaient été importés sans licence de Roumanie par un autre intermédiaire.
Un mélange de produits à l’origine de la contamination
Au final, la contamination au Fipronil résultait d’un mélange d’un pesticide légal avec un médicament pour animaux appelé fiprocid, dont l’agent actif est le fipronil. Les sociétés concernées sont citées devant le tribunal d’Anvers ainsi que des personnes physiques ayant joué un rôle dans la préparation et la diffusion du "cocktail" de produits utilisés dans ce processus de désinfection. Tous risquent des sanctions pénales et devront en cas de culpabilité indemniser les exploitations qui ont été mises à l’arrêt durant plusieurs jours ou semaines.
De nombreuses parties civiles demandent réparation de leur dommage
21 fermes avicoles se sont constituées parties civiles. Mais également l’Etat belge, l’Afsca, l’agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire ou encore la région flamande. Le scandale des œufs contaminés au fipronil avait mené à la destruction de plus de 77 millions d’œufs en Belgique et à l’abattage de 1.900.000 poules. Les conséquences pour la santé publique sont officiellement sans gravité, les seuils observés dans les échantillons prélevés étaient inférieurs aux normes européennes basées sur une consommation de deux œufs par jour. Mais en principe, jamais cette substance n’aurait dû se retrouver même en petite quantité dans la chaîne alimentaire.