Cette "loi climat", avec les objectifs chiffrés qui y sont liés, devrait servir aussi de boussole.
Vers quels secteurs se tourner pour atteindre ces "55%"? Où diriger les investissements publics et privés (ainsi que les prêts financiers) afin de réussir cet objectif de réduction de gaz à effet de serre ? En bref : qu’est-ce que ça signifie, au juste, une économie verte ?
A lire aussi : Climat : "En Europe, il n’y a que des mauvais élèves pour la neutralité carbone"
Pour y voir plus clair, un des enjeux de ces derniers mois pour l’Europe a été de se mettre d’accord entre pays sur une "taxonomie". Que se cache derrière ce terme aux allures barbares? Il s'agit de la classification des activités "durables", des investissements verts.
La lutte a été âpre entre Etats dans la désignation de ces secteurs. Qu'est ce qui pollue? Qu'est-ce qui y est considéré comme durable ou vertueux? Des pays comme la Suède et la Finlande voulaient par exemple mettre le secteur du bois de chauffage dans le durable; les pays de l’Est le secteur gazier; la France le nucléaire….
Un système de "labélisation" des secteurs et activités qui lorgne du côté de Kafka ou d’Orwell, selon Daniel Guéguen, professeur au Collège d’Europe de Bruges et lobbyiste.
Un système basé sur des critères très techniques dont la rigueur scientifique a été critiquée. Ainsi, pour concocter cette "taxonomie", on a fait appel à un cénacle décisionnel assez "obscur". Composé d’experts (ONG, industriels mais aussi banques et divers lobbys) et chapeauté par la Commission européenne, il est synonyme de l'"ultra-bureaucratisation" de la Commission, selon Daniel Guéguen.
A écouter aussi : "Au bout du jour", avec Daniel Guéguen, professeur au Collège d’Europe, à propos de la taxonomie