Va-t-on démolir le café le Carré place du martyr à Verviers ? Il existe un projet pour remplacer cette maison très ancienne et ses deux voisines par un immeuble à appartements. Vendredi, la police a fait arrêter des travaux préliminaires : le promoteur faisait enlever l'enduit de façade et il n'avait pas de permis pour occuper la voie publique.
L'enduit de ciment retiré a révélé la vraie façade du Carré. Les spécialistes s'en doutaient, mais ils ont maintenant l'évidence sous les yeux : c'est une maison en pan-de-bois, toutes proportions gardées similaire à celles du centre de Strasbourg. Elle peut dater du dix-septième siècle ou être encore plus vieille. Elle a une soeur classée trois cents mètres plus loin rue des raines (la maison Lambrette). Le pignon Pont Saint-Laurent est caractéristique des maisons de cette époque. Ce pignon n'a pas encore été débarrassé de son parement en zinc, mais il est probable que là aussi se trouve un pan-de-bois.
Remplacée par un immeuble à appartements ?
Cette maison très ancienne vit peut-être ses derniers mois, comme sa voisine sur la place, à la façade pittoresque mais plus récente, de même que celle qui se trouve de l'autre côté au pont Saint-Laurent. Ces trois maisons sont reprises dans l'Atlas du patrimoine architectural des Centres anciens protégés. Le 57 (le Grand Café) comme "immeuble de valeur d’accompagnement". Il a été construit par l’architecte Emile Burguet au début du 20e siècle pour abriter le local "antialcoolique". Le 59, celui du bistrot "le Carré" est noté "immeuble de grande valeur", comme celui du Pont Saint-Laurent. Leur propriétaire veut pourtant les démolir pour construire un immeuble de treize appartements. Ce projet doit être présenté au prochain collège pour un avis préalable au permis.
L'échevin Breuwer est pour. Il faut du neuf à cet endroit pour ramener des habitants. La Ville n'a pas les moyens de contraindre le propriétaire à rénover. Il faut aussi "voir ces maisons dans l'ensemble de leur environnement urbain" argumente-t-il en montrant les constructions modernes de la place du martyr. Ce dossier sera l'occasion d'un probable nouveau bras-de-fer entre la Ville et l'administration wallonne, interloquée par le nombre de démolitions à Verviers.
