Silhouette athlétique, allure poivre et sel d’une quarantaine bien portée, le policier avec lequel nous avons rendez-vous au centre d’entraînement des unités spéciales de la police fédérale* doit rester anonyme, pour des raisons de sécurité. Il ne divulgue pas sa véritable identité, n’expose pas son visage à la caméra et ne révèle pas la teneur exacte de ses missions actuelles.
Mais James (prénom d’emprunt) accepte de dévoiler, sans filtre, une personnalité façonnée de succès lors d’interventions policières délicates et de cicatrices mentales apparues à la suite des opérations antiterroristes de 2015 et 2016 ; la trajectoire d’un homme derrière le policier des unités spéciales, cagoulé, casqué, habillé de pare-balles et réputé inébranlable.
Une image de "robocop" et pourtant : "A un moment donné, tu te rends compte que tu t’engages dans la trajectoire d’un stress post-traumatique", raconte James. "Tu es hypersensible. Tu ne supportes plus le stress. Tu recherches la tranquillité. Tu as des flash-back de ce qui s’est passé".
Le 15 mars 2016, quand Salah Abdeslam et des complices tirent sur des policiers
Ce qui s’est passé… C’était il y a 5 ans. La police mène des perquisitions en lien avec les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Six enquêteurs se rendent rue du Dries à Forest. Des indices laissent penser qu’un appartement situé au premier étage du numéro 60 aurait pu servir de planque aux terroristes.
L’endroit est réputé vide à cette période ; les compteurs de gaz et d’électricité sont fermés. Mais à leur arrivée en début d’après-midi, les enquêteurs essuient des tirs, blessant trois d’entre eux.
Les unités spéciales sont appelées en renfort. James est de garde ce jour-là, en "quick reaction force" (QRF, force de réaction rapide). "Ce dont je dispose comme premières informations, c’est qu’il y a eu des tirs, de calibre assez lourd, probablement à la kalachnikov et que cette fusillade est sans doute liée au contexte terroriste".