Pour Gilles Quoistiaux voilà probablement le plus grand échec de cette cryptomonnaie. Elle n’est pas encore une véritable monnaie d’échange et cela même si des initiatives existent. Il ne s’agit donc pas encore d’une monnaie officielle. La preuve, les marchands n’ont pas l’obligation d’accepter cette monnaie virtuelle, comme c’est le cas avec l’euro, par exemple. Le journaliste reconnaît cependant qu’il y a une acceptation toujours plus importante. Tesla qui annonce la possibilité dans le futur de pouvoir acheter une voiture en bitcoin, en est un exemple.
Mais finalement, pourra-t-on un jour utiliser des bitcoins comme on utilise des euros ? Il y a peu de chances, estime Gilles Quoistiaux : "Ce n’est pas encore le cas et ce ne sera probablement jamais le cas parce que les banques centrales et les Etats voient le bitcoin comme un concurrent des monnaies traditionnelles". Mais cela ne veut pas dire pour lui que son usage ne pourra pas progresser. Cela dépendra de son acceptation par les commerçants.
Bernard Keppen, chef économiste à la CBC Banque estime pour sa part que le bitcoin restera une cryptomonnaie. Elle n’obtiendra pas le statut de monnaie en tant que telle. "Elle a acquis des lettres de noblesse parce qu’elle a été adoubée par des gens comme Elon Musk, Paypal ou d’autres plateformes qui envisageaient de l’intégrer aussi. Donc oui, elle a acquis une certaine forme de noblesse. Noblesse que je mets entre guillemets, c’est-à-dire que c’est devenu un actif comme un autre (l’or, par exemple : ndlr) […]. Mais ça n’aura jamais le statut de monnaie".
Pour ce spécialiste toujours : "Les autorités monétaires, les banques centrales ont clairement l’intention de créer des cryptomonnaies, reconnues, officielles et contrôlées. On en parle en Chine, aux Etats-Unis et en Europe". L’homme souhaite encore apporter deux réflexions. Pour lui, le bitcoin est devenu hautement spéculatif et les réseaux sociaux ont beaucoup d’influence sur lui : "Ce qui le rend encore plus dangereux". Et enfin, il rappelle que le bitcoin a été créé pour se démarquer des autres actifs financiers : "or, aujourd’hui, il réagit comme n’importe quel autre actif financier".
Mathieu Jamar, fondateur de la société DCY, nous explique qu’une monnaie classique comme l’euro n’offre pas de rente si on la met sur un compte à vue, et il ne gagne que très peu de valeur au fil du temps. Le Bitcoin est pour lui actuellement considéré comme un actif (en espérant faire une plus-value plus tard : ndlr) et non pas comme une monnaie. Or la valeur du Bitcoin fluctue : "et principalement à la hausse". Cette fluctuation rend difficile de proposer des biens et des services en Bitcoin car "leurs prix vont varier régulièrement". Ce qui n’est pas très pratique pour une utilisation en tant que monnaie… "Par contre, à partir du moment où le prix sera plus mature, qu’il aura atteint des sommets […] je pense qu’à un moment ça va se stabiliser quand il sera correctement évalué […] ce sera beaucoup plus pratique et d’usage commun de l’utiliser comme monnaie". En résumé, le Bicoin doit encore se stabiliser et gagner en usage au sein de la population pour devenir une monnaie, mais à ce stade rien n’est moins sûr.
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