Liège

Une élection hautement sécurisée chez les socialistes liégeois

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Par Michel Gretry

Ce vendredi, c'est le dernier jour ouvrable pour l'élection par correspondance du nouveau président de la Fédération liégeoise du Parti Socialiste. Une élection sans trop de suspense puisqu'un seul candidat se présente: le ministre Frédéric Daerden. Une élection sur du velours, mais qui s'entoure quand même de précautions.

Un bulletin par correspondance infalsifiable

Les 11.000 militants ont reçu, depuis plusieurs jours déjà, par voie postale, une enveloppe pré-affranchie et un bulletin à renvoyer, réputé infalsifiable. Il est plastifié sur une face, revêtu du sigle du parti en relief, et avec une trame imprimée de points d'intensité aléatoire. C'est donc très difficile à imiter. Pour un scrutin dont le résultat est connu d'avance, c'est un peu incompréhensible, sauf que, par le passé, des fraudes ont déjà été constatées et que l'enjeu, au-delà de la personnalité du futur président, c'est de tourner la page d'un socialisme à l'image affairiste.

L'homme qui incarne ce renouveau, c'est donc Frédéric Daerden, bourgmestre en titre de Herstal, député élu et désigné membre du gouvernement de la Communauté Française. Un cumul qui ne semble pas  l'effrayer. Plus encore, c'est un "fils de", fils de son père, fils de "papa", et il ne s'en cache pas d'ailleurs. Comme la campagne s'est déroulée sur les réseaux sociaux, voici quelques phrases extraites de sa vidéo de présentation: "Je n'étais pas destiné à faire de la politique. Surprenant avec un père ministre. Et pourtant, il a essayé de m'en dissuader. Je ressens cet attrait de la politique, le goût des autres, l'envie d'agir collectif. Mon PS est aussi rouge vif, marqué par la passion de l'égalité et de l'équité, à l'écoute des préoccupations des gens, y compris des invisibles, des sans-voix. Plus qu'un programme, je veux des idéaux ambitieux. On ne peut plus accepter aucun des errements du passé".

Une volonté de rupture avec le passé

Une volonté de rupture donc, clairement assumée, et parfaitement revendiquée. D'abord une rupture avec le passé. Le socialisme à la liégeoise, c'est plus d'un quart de siècle d'affaires. Rappelez-vous la corruption du contrat des horodateurs et des abribus, puis les hélicoptères Agusta, l'argent de la Smap-Ethias planqué en Suisse, sans parler de Nethys.

Une rupture aussi avec le pouvoir concentré entre quelques mains, invisibles ou non, par une alliance entre Liégeois de la ville et Sérésiens qui laisse souvent la périphérie, la grande banlieue, sur le carreau.

L'enjeu: le taux de participation

La vague qui porte Frédéric Daerden, c'est un appel à plus de démocratie interne. Et c'est paradoxal, puisqu'il faut s'attendre à un score stalinien. Quelques sections semblent bien renâcler, mais comme il est difficile de donner des consignes de vote par correspondance, il n'y a pas vraiment d'opposition officielle et déclarée. Dès lors, c'est le taux de participation qui va permettre de mesurer le soutien dont Frédéric Daerden jouit auprès de la base.

A titre de comparaison, voici quatre ans, un affilié sur trois s'est déplacé, 4000 au total, pour une compétition triangulaire très serrée. Mais ça va quand même être difficile d'égaler ce chiffre, surtout qu'une grève en cours chez Bpost risque de perturber les opérations, vu que les bulletins sont envoyés par courrier.

Bientôt un coup de balai au PS liégeois?

Alors, est-ce un coup de balai qui se prépare au PS liégeois? C'est en tout cas le discours. Un discours encouragé par la direction nationale, mais les Liégeois, là-bas, sont toujours considérés comme plutôt encombrants. D'ailleurs, des choix stratégiques pour le bassin industriel se prennent par exemple toujours sans eux.

Et puis il faut voir encore dans quelle mesure la nouvelle équipe, au-delà de sa volonté, va disposer des moyens de ses ambitions. L'un ou l'autre "ancien" reste dans les organes décisionnels, ce n'est quand même pas une purge. Et puis, surtout, au jeu de la vertu, il vaut mieux assurer ses arrières, et il faut parfois se protéger de ses amis. L'enquête Nethys n'a pas encore livré tous ses secrets et elle pourrait toucher l'un ou l'autre notable qui soutient Daerden. C'est de la politique fiction, peut-être, peut-être pas.

Le verdict de ces urnes virtuelles est prévu pour jeudi prochain.

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