Flandre : la VRT est-elle impartiale dans son traitement de l'actualité ? Une étude y répond

Flandre : La VRT est-elle impartiale dans son traitement de l’actualité ? Une étude y répond

© DIRK WAEM - BELGA

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Par Aubry Touriel

La VRT a commandé une étude pour voir si elle était impartiale dans son traitement de l’actualité (politique). La VUB et l’université d’Anvers ont mesuré notamment les temps de parole des représentants de partis politiques dans les journaux télévisés flamands entre 2014 et 2019. Résultat ? La chaîne publique flamande apporte une image équilibrée des partis politiques.

"Il n’y a pas de sur- ou sous-représentation de certains acteurs politiques dans l’offre d’information de la VRT." Voici l’une des conclusions du rapport de chercheurs universitaires dans le cadre du cadre de gestion de la chaîne publique.

Pour arriver à ce constat, quatre professeurs de la VUB et de l’université d’Anvers ont analysé le contenu de tous les journaux télévisés de la VRT et de VTM entre 2014 et 2019.

Les partis au pouvoir en tête

Ce sont surtout les partis au pouvoir qui étaient les plus représentés dans les journaux télévisés flamands : les trois partis flamands de la majorité au fédéral et en Flandre, la N-VA, le CD&V et l’Open VLD constituaient le trio de tête.

Quand on regarde le temps de parole des différents partis dans les JT, on constate la même tendance, mais il y a une différence notoire entre la VRT et VTM : la N-VA occupe 35% du temps de parole sur la chaîne privée contre 30% pour la chaîne publique.

Extrait du rapport "DE ONPARTIJDIGHEID VAN HET VRT-AANBOD" (VUB-UA)
Extrait du rapport "DE ONPARTIJDIGHEID VAN HET VRT-AANBOD" (VUB-UA) © Tous droits réservés

Les journaux télévisés ne donnaient très peu voire pas la parole aux partis aux extrémités de l’échiquier politique, le PTB et le Vlaams Belang. À noter qu’entre 2014 et 2019, le PTB n’avait aucun représentant au Parlement flamand et le Vlaams Belang flirtait avec le seuil électoral.

Charles Michel à la VRT, Bart De Wever à VTM

Sans surprise, les personnalités qui ont eu le plus de temps de parole étaient des représentants des gouvernements flamand ou fédéral. Une exception néanmoins : Bart De Wever est le seul président de parti dans le top 10.

Sur ce point, on constate aussi une différence entre la VRT et VTM : c’est l’ancien premier ministre Charles Michel qui venait le plus s’exprimer à Reyers, alors que Bart De Wever est l’homme politique le plus interviewé sur la chaîne privée.

Extrait du rapport "DE ONPARTIJDIGHEID VAN HET VRT-AANBOD" (VUB-UA)
Extrait du rapport "DE ONPARTIJDIGHEID VAN HET VRT-AANBOD" (VUB-UA) © Tous droits réservés

VTM accordait aussi plus d’importance à des personnalités comme Theo Francken ou Kris Peeters, notamment dans le cadre des élections communales où l’ancien homme fort du CD&V a tenté en vain de bousculer Bart De Wever dans la métropole anversoise.

Que ce soit à la VRT ou à VTM, les représentants des partis politiques francophones ne viennent pas souvent s’exprimer lors des JT en Flandre : en moyenne, 14% du temps de parole leur est attribué (13% pour VTM, 15% pour la VRT). "Ceci peut être en grande partie à notre système électoral, dans lequel les politiciens francophones ne peuvent pas être jugés directement par l’électorat flamand", lit-on dans l’étude.

La "vedettisation" des politiques : typisch Vlaams

Cette étude de la VUB et de l’université d’Anvers conclut que les journaux télévisés accordaient de manière équilibrée la parole aux partis politiques. L’étude ne s’est cependant pas penchée sur un phénomène typiquement flamand. Contrairement aux chaînes dans le sud du pays, il n’y a pas que dans les émissions d’actualité ou dans les débats que les représentants politiques flamands passent à la télévision.

Depuis les années 1990, les téléspectateurs flamands voient régulièrement des politiques dans des émissions de divertissement. Bert Anciaux, à l’époque président de la Volksunie, était l’un des précurseurs. Il n’hésitait pas à raconter sa vie privée dans les magazines people comme Dag Allemaal.

Vingt ans plus tard, le quiz De Slimste Mens ter Wereld a fait connaître au public flamand son humour pince-sans-rire et son sens de la repartie.

Lors des élections de 2014, 2018 et 2019, Paul Jambers, journaliste très connu pour ses émissions de human interest a suivi les principales têtes de listes le jour de l’élection. C’est d’ailleurs dans la dernière saison qu’on a vu Theo Francken se réjouir que le VB et la N-VA avaient ensemble une majorité dans certaines communes.


►►► À lire aussi : Vu d’Anvers : "Les politiques sont devenus des vedettes" selon le journaliste Jambers


Mais ça ne s’arrête pas là : en mai 2019, les différents présidents de partis ont participé au grand show électoral organisé par Karrewiet, une émission sur la chaîne pour enfants de la VRT KetNet. On y voyait les présidents de parti, dont Tom Van Grieken du VB (mais pas Peter Mertens du PTB) danser le "skibidi"…

Le dernier exemple en date de la vedettisation des politiques est la diffusion sur la VRT de la série documentaire BDW en 3 volets dont Bart De Wever est le héros. Une équipe TV a suivi le président de la N-VA pendant un an. Bart De Wever sur sa tondeuse, Bart De Wever en train de courir avec sa femme, Bart De Wever en visite auprès de sa mère dans un centre de soins… La chaîne publique a suivi les faits et gestes du président de la N-VA qui était alors en train de négocier pour former un gouvernement avec le PS. Une telle émission serait tout simplement impensable sur les chaînes francophones.

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