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Still Standing: le secteur culturel se mobilise pour réclamer plus de soutien

Le secteur culturel se mobilise aujourd'hui pour réclamer plus de soutien durant la crise sanitaire. Artistes et techniciens organisent des actions un peu partout dans le pays. Des performances artistiques dans l'espace public et dans le respect des règles sanitaires.

À Ixelles, c'est sur un marché que la culture a montré qu'elle voulait s'exprimer. Près de 300 actions culturelles se tiendront en Belgique, se jouant des règles sanitaires par bulle de quatre ou avec distanciation sociale. L'une des plus grandes actions de la matinée se déroulait à Bruxelles. Les spectateurs manifestants sont sur un parvis et la scène est sur les marches d'une Eglise. "Évidemment que la culture doit être accessible en tout temps et en toutes circonstances, particulièrement dans les périodes les plus difficiles", explique au micro l'un des manifestants.

L'action s'appelle "Still Standing", soit "la culture reste debout". Comme David Murgia, comédien, prêt à montrer son art. "J'ai juste pris un petit harmonica comme ça. Je sais pas faire beaucoup de texte, mais en tout cas, je vais me balader avec et j'espère que je croiserai des gens. Ce qui va se passer, c'est une myriade de choses un peu partout, qu'on a voulues aussi ne pas contrôler. On propose aussi aux gens d'aller dans les interstices, là où la loi a des zones grises, pour montrer qu'on est là, dans les vitrines, les files d'attente. Ce sont des choses dont vont s'emparer une multitude de personnes."

Diana Oro-Gonnissen est chanteuse lyrique. Sa dernière représentation, c'était en mars de l'année dernière. "La dernière fois que j'ai participé à un spectacle, c'était le 13 mars 2020. Et puis, j'ai eu la chance de pouvoir chanter dans un jardin pour un spectacle au mois de juillet. Le seul week-end ensoleillé du mois de septembre, on a refait le spectacle dans un parc, puis plus rien."

Thomas Predour est responsable de La Maison qui Chante, salle de spectacles pour jeune public. Pour lui, la culture est essentielle. "Un énorme sentiment d'injustice quand on voit que les autorités ont décidé d'ouvrir certaines vannes, celles des commerces qu'on dit essentiels parfois, non essentiels à d'autres, mais que la vanne culturelle est estimée non essentielle. On a besoin de culture pour devenir."

Le temps d'une journée, les visages de ces artistes, comédiens, danseurs et musiciens vont envahir l'espace public, la seule scène qui est encore ouverte. Le secteur culturel a aussi manifesté symboliquement à Louvain-la-Neuve, dans le Brabant wallon. En musique et sur le thème "La culture dans les starting-blocks", les participants ont mis en scène de manière humoristique une course connaissant des faux départs à répétition.


Floreffe: les artistes d'Esperanzah! mis en scène dans un parc pour espèces en voie de disparition

Les artistes et techniciens d'Esperanzah! se sont produits samedi derrière des enclos pour dénoncer ce qu'ils dénoncent comme une absurdité : être privés de spectateurs alors que les parcs animaliers peuvent accueillir des visiteurs.

La manifestation organisée samedi après-midi à l'abbaye de Floreffe (province de Namur), où se tient traditionnellement le festival des musiques du monde Esperanzah!, s'intitulait "Zah!". "Notre porte d'entrée, c'est un paradoxe que nous avons mis en évidence. Les parcs zoologiques peuvent ouvrir, mais la culture reste fermée. Nous avons créé un parc artistique pour espèces en voie de disparition, qui présente non pas des spectacles car il s'agit d'une action politique, mais des spécimens en pleine action, tels que des artistes, musiciens, chanteurs de régisseurs...", a expliqué Jean-Yves Laffineur, programmateur d'Esperanzah!.

Cent personnes ont reçu leur sésame pour ce parc parodique. "Nous avons reçu mille demandes. Nous avons réparti les cent personnes en plusieurs groupes afin de pouvoir observer les gestes sanitaires", a précisé M. Laffineur qui entend montrer que les programmateurs culturels sont responsables. Pour l'instant, l'organisation espère pouvoir tenir le festival Esperanzah! à sa capacité maximale. "Nous ne travaillons pas sur un plan B, mais nous saurons faire preuve de résilience et faire une autre proposition si les mesures sanitaires ne permettent pas au festival de se tenir comme d'habitude cet été", a-t-il conclu.

Une centaine de personnes pour soutenir la culture place du Marché à Verviers

L'équipe du centre culturel de Verviers a pris part au mouvement via "une pause des empêchés" organisée place du Marché devant l'hôtel de Ville, un endroit symbolique en plein cœur de Verviers.

Sur le coup de 15h, une grosse centaine de participants, selon la police verviétoise, s'est ainsi rassemblée afin de soutenir le secteur culturel et tous ses acteurs face à la multitude de restrictions dont ils font l'objet depuis le début de cette pandémie. Vêtus de noir et arborant un signe de "culture empêchée", comme des brouettes d'agendas inutiles, des croix noires sur le masque, des mains attachées avec un instrument dans le dos, ils ont manifesté, de façon statique, et dans le respect de la distanciation physique pour offrir, disent-ils, un moment fort, en soutien à un secteur en souffrance, mais toujours debout.

"Il y a un besoin de plus en plus criant, que ce soit pour les citoyens ou les artistes, de faire revivre la culture", estime la directrice du centre culturel de Verviers Audrey Bonhomme, qui s'est dite satisfaite de la mobilisation. "On a invité les participants à venir ici montrer un signe d'empêchement culturel et à faire une pause car cela fait des mois maintenant que l'on se réinvente, on est fatigué de devoir trouver des solutions, de faire autrement tout le temps sans avoir aucune perspective".

Initialement, cette action devait être une parade, une manifestation itinérante qui devait partir de la place du Marché vers un centre commercial, qui est lui ouvert, mais cela a été refusé. Les organisateurs ont donc été contraints de proposer cette manifestation statique. Notons que le centre culturel de Welkenraedt, en soutien à cette action, a publié sur sa page Facebook et son site internet une série de clichés et vidéos illustrant le vide qui règne depuis des mois au sein de ses infrastructures. Certains membres du personnel étaient d'ailleurs aussi présents à Verviers ce samedi.

L'asbl "Namur en mai" a fait se produire des artistes silencieux

L'asbl "Namur en mai" (NEM), qui organise le festival des arts forains du même nom, a donné rendez-vous à une centaine de spectateurs, samedi matin, dans le cadre de Still Standing for Culture, exigeant le déconfinement progressif du secteur de la culture dès le mois de mars.

"Puisque nous avons reçu l'autorisation de manifester de manière statique et non celui de laisser les artistes se produire dans les mêmes conditions, nous avons vu des artistes costumés, maquillés, prêts à performer mais tristement muets. La censure actuelle les obligeant à ne pas pratiquer leur art", a indiqué Samuel Chappel, le directeur de "Namur en mai".

Outre M. Chappel, plusieurs professionnels de la culture, de la santé mentale et de l'éducation permanente ont pris la parole pour sensibiliser le public et les gouvernements aux conséquences du manque de culture sur la santé mentale des Belges. "Nous ne serons pas assez de psychologues pour gérer les dégâts de cette crise", a mis en garde Claudia Ucros, psychologue. "C'est triste à dire, mais nous croulons sous les demandes et il n'y a pas de place pour tous", a-t-elle précisé, insistant sur le rôle sur l'équilibre des émotions que permet la participation à un événement culturel, fût-ce en portant un masque et en respectant des distances sanitaires.

Le 20 février correspondant à la journée de la justice sociale, Christine Mahy a pris la parole au nom du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté. "N'importe quel citoyen dans cette société est important (...) Pour une santé mentale préventive, il faut de l'interaction, de la culture", a-t-elle plaidé.

A Namur, le Delta, le Belvédère, le Centre culturel de Namur - Abattoirs de Bomel et Théâtre de Namur - ont organisé diverses manifestations dans divers endroits de la ville.

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