Changer le rythme scolaire, un plus pour nos jeunes ?

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Par Hugues Angot

Faut-il réformer le rythme scolaire ? L’idée est dans l’air depuis 30 ans mais elle pourrait cette fois se concrétiser. La ministre de l’Enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir, parle d’une modification du calendrier pour la rentrée de septembre 2022. Sur le plateau de question en prime, Christophe Cocu, directeur de la Ligue des familles et Stéphanie Monfort, psychologue et psychothérapeute aux cliniques Saint-Luc donne leurs visions sur cette réforme éventuelle.

2 mois de vacances c’est trop ?

Le calendrier scolaire n’a jamais été créé en fonction de l’enfant. Historiquement, si les enfants ont deux mois de vacances l’été, c’est en fait pour le monde du travail explique Christophe Cocu, le directeur de la ligue des familles. " Il fallait des bras pour aider à la moisson"

Pour Christophe Cocu, il faut enfin penser aux besoins des enfants et pour eux, le rythme est essentiel. "Dans le calendrier actuel, les périodes d’école sont fort variables, entre 5 et 10 semaines de cours. Et ces longues sessions de cours sont difficiles à supporter pour les enfants et vont à l’encontre de leurs besoins physiologiques. Cela peut être très fatigant et nuire à l’apprentissage. Les enfants ont du mal à récupérer après une seule semaine de congé. Ce temps de repos n’est pas suffisant".

Stéphanie Monfort ajoute "L’école est un lieu pour qui permet aux enfants et aux adolescents de grandir et se structurer au niveau des apprentissages mais aussi au niveau du rythme. Quand l’école s’arrête pour un week-end ou pour des vacances prolongées, ce qui est essentiel, c’est la poursuite du développement. Et clairement toutes les familles ne sont pas égales face à cela. Pour certains enfants, ce sera un temps trop court parce qu’ils profiteront d’activités entourées par des personnes-ressources qui soutiendront leurs développements, et pour d’autres, ce sera trop long parce que quand l’école s’arrête ; il n’y a juste rien d’autre. Ce qui est en tout cas délétère pour les jeunes, c’est l’absence de rythme mais aussi une absence de substitut pour le développement".

Le modèle allemand ?

Quitte à changer, le rythme scalaire, pourquoi ne pas réformer plus en profondeur le système et inspirer par exemple du modèle allemand avec des journées avec moins d’heures de cours, plus de sport et au final moins de jours de vacances ?

En fait, actuellement, on ne parle que d’une réforme annuelle avec dans les cartons, un calendrier de 7 semaines de cours suivis par deux semaines de congé. Mais il y a également une réforme de la journée qui mérite réflexion. C’est en tout cas le sentiment du directeur de la ligue des familles. "Nous plaidons pour cela avec une journée d’école qui ne débuterait pas avant 8h30 et qui serait fixée avec des plages d’apprentissage dans les moments les plus adéquats pour l’apprentissage. La journée inclurait toute une série d’activités extrascolaires après le temps de midi et puis, un temps de devoir ou d’étude à partir de 15h30-16 heures. Et dans ce cas-là, l’attention des élèves serait meilleure".

Impact important sur la société

La modification du calendrier n’est pas à prendre à la légère parce que l’école rythme une grande partie de la société explique Stéphanie Monfort. Ça rythme les familles et le monde du travail. Par ailleurs, le contexte actuel n’est pas vraiment propice à ce changement.

"Nous vivons une crise qui nous fragilise tous et plus particulièrement les jeunes, les enfants et leurs familles. Bouleverser les habitudes, c’est amener un changement supplémentaire dans cette vie d'"avant", c’est effectivement quelque chose qui fragilise et in-sécurise".

Selon Anne-Sophie Snyers, secrétaire générale de l’Upav, l’union professionnelle des agences de voyages, allonger le congé de Toussaint ou de carnaval ne va certainement pas compenser les bénéfices des deux semaines perdues l’été.

"Nous aurons peut-être plus de demandes pour des voyages plus long à la Toussaint ou au carnaval mais cela restera sans doute assez marginal parce que la demande est moins forte notamment à la Toussaint. Et puis perdre deux semaines en été, c’est aussi perdre les "bons plans" de début de vacances. Au niveau prix, avec des vacances condensées, on doit d’ailleurs s’attendre à une hausse des prix".

Quid pour l’organisation des familles ?

Si cette réforme voit le jour, elle se ferait en Wallonie et à Bruxelles. Rien n’est prévu à l’heure actuelle pour la Flandre. Et cette disparité de calendrier pourrait représenter un gros souci pour de nombreuses familles. Pour la ligue des familles, il est essentiel de s’accorder au maximum avec la communauté germanophone et néerlandophone pour un système le plus homogène possible.

Une autre inquiétude concerne les familles avec des parents séparés. Christophe Cocu insiste "Si on adapte le rythme scolaire, il faut bien préparer cette transition et laisser le temps de s’adapter notamment pour les parents séparés. Bien souvent, il faudra repasser devant le juge pour modifier la garde d’enfant. Une modification indispensable qui nécessitera un peu de temps"

Notons tout de même que si cette modification voit le jour, elle permettrait de simplifier le début et la fin des vacances. Les vacances commenceront d’office un lundi et se clôtureront un vendredi. Un changement important puisque quasiment systématiquement aux grandes vacances, on se retrouvait face à un bout de semaine qui était de nature à compliquer l’organisation.

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