"Vous devriez démissionner, immédiatement": Josep Borrell sous le feu des critiques

"Vous devriez démissionner, immédiatement": Josep Borrell sous le feu des critiques

© OLIVIER HOSLET - AFP

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Par RTBF, avec agences

Il était attendu de pied ferme au Parlement européen ce mardi. Le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune, Josep Borrell, devait s’expliquer en séance plénière après son déplacement le week-end dernier à Moscou, qu’une partie de l’hémicycle considère comme une humiliation.

Trois diplomates européens ont été expulsés au moment même de la visite de Josep Borrell, qui n’a par ailleurs pas pu voir Alexeï Navalny comme il en avait exprimé le souhait auprès des autorités russes. Une déconvenue pour le chef de la diplomatie européenne, qui lui a valu des critiques acerbes de plusieurs parlementaires.

Une charge violente des parlementaires

La charge était donc attendue, et elle fut violente, à l’image de l’intervention du parlementaire portugais du PPE, Paulo Rangel : "Nous regrettons profondément votre visite à Moscou, nous regrettons aussi profondément votre manque de courage et votre refus de faire face, les yeux dans les yeux, aux positions inacceptables de Monsieur Lavrov".

Hilde Vautmans, parlementaire belge du groupe libéral, a, elle, comparé le voyage de Josep Borrell à Moscou à une chasse à l’ours qui aurait mal tourné : "Dès que l’ours sent que vous êtes en position de faiblesse, il attaque. Vendredi dernier, l’ours russe vous a salement amoché. Ce voyage à Moscou vous a personnellement nui. Mais le pire, ce sont les dommages qu’elle a occasionné à l’Europe".

Du côté des Verts, la Tchèque Marketa Grigorieva a été encore plus directe. Extrait : "Avec cette visite catastrophique, vous n’avez pas seulement fait honte aux citoyens européens, vous avez aussi aidé Poutine et blessé le peuple russe. Vous avez permis à ce gouvernement mafieux de diffuser des images qui nous font paraître faibles, corrompus et qui renforcent le pouvoir du Kremlin. Pour tous ces dégâts, vous devriez démissionner de votre poste, immédiatement."

Vous n’avez pas seulement fait honte aux citoyens européens, vous avez aussi aidé Poutine et blessé le peuple russe.

Au total, quatre-vingt-un élus européens conservateurs, ultranationalistes et libéraux, la plupart provenant de pays de l’est de l’Europe, ont appelé à la démission de Josep Borrell, dans un courrier adressé à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Mais la présidente de la commission, a rappelé son soutien plein et entier à Josep Borrell mardi.

Mais cette visite va laisser des traces : elle devrait être discutée lors du sommet européen au mois de mars. Pour décider de mesures plus dures envers la Russie ?

Des sanctions proposées

Au cours de son audition, Josep Borrell a recommandé l’adoption de sanctions contre le Kremlin, et a annoncé son intention de faire des propositions en ce sens aux Etats membres. "Le gouvernement russe est sur une voie autoritaire et se montre sans pitié dans l’affaire Navalny […]. Il serait bon de prévoir des sanctions. Je vais user de mon droit d’initiative et je ferai des propositions qui combineront des actions pour lutter contre la désinformation et les cyberattaques", a-t-il déclaré lors d’un discours devant le Parlement européen à Bruxelles. Josep Borrell devrait soumettre ses propositions aux ministres des Affaires étrangères de l’UE lors de leur réunion le 22 février.

L’adoption de sanctions nécessite l’unanimité. L’Union européenne a plusieurs catégories pour ses sanctions : violation des droits humains, utilisation des armes chimiques, cyberattaques, terrorisme dont les trois premières ont déjà été utilisées pour sanctionner les autorités russes.

Six personnalités russes, dont le chef du FSB Alexandre Bortnikov et le n°2 de l’administration présidentielle Sergueï Kiririenko ont ainsi été inscrits en octobre sur la liste pour leur implication dans l’empoisonnement de l’opposant Alexeï Navalny. "La confiance ne règne plus entre l’UE et la Russie et les relations économiques ont été mises à mal par les sanctions imposées après l’annexion de la Crimée", a souligné Josep Borrell. "Ma visite à Moscou avait un double objectif : exposer la position de l’UE sur l’affaire Navalny et voir si les autorités russes voulaient inverser la tendance négative dans nos relations", a-t-il rappelé aux élus européens. "La réponse a été non. Ils ne sont pas intéressés si nous continuons à nous attacher à la défense des droits de l’homme. Or nous ne pouvons pas nous taire", a-t-il lancé. "Je suis particulièrement inquiet quant aux choix géostratégiques des autorités russes. Mais nous devons trouver un modus vivendi pour éviter la confrontation permanente", a-t-il reconnu.

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