Theo Francken recalé pour la vice-présidence de la N-VA : une révolution de palais ?

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Par A. Lechien avec B. Hupin

Le week-end dernier Theo Francken n’est pas devenu vice-président de la N-VA, et les médias flamands n’ont pas fini d’analyser les résultats de cette élection interne chez les nationalistes. Certains n’hésitent pas à parler de révolution de palais à la N-VA. Ce sont donc Valerie Van Peel et Lorin Parys qui ont décroché les deux trophées de ce qui restera sans doute pour longtemps l’élection de vice-président la plus suivie et la plus commentée du nord du pays. La défaite est lourde pour le chouchou de la N-VA. Il n’y a même pas eu besoin de deuxième tour pour départager les candidats. Theo Francken n’a pas souhaité commenter cette défaite. C’est donc vers son plus grand soutien que s’est tourné la VRT pour obtenir une réaction. Il s’agit de Jean-Marie Dedecker, ex-judoka et ex-président de la Lijst Dedecker. Il siège comme indépendant à la Chambre dans les rangs de la N-VA et il ne cache pas sa déception : "C’est presque devenu un châtiment public. La popularité génère beaucoup de jalousie. L’affaire Kucam a été utilisée comme alibi pour le mettre au coin"C’est une révolution de palais, selon le bourgmestre de Middelkerke. C’est douloureux, dit Jean-Marie Dedecker, le champion en voix de la N-VA ne méritait pas ça, selon lui.

Jean-Marie Dedecker estime qu’il y a eu une série d’intrigues pour écarter Theo Francken et favoriser Lorin Parys. Et c’est vrai que cette élection était entre les mains du conseil du parti, c’est-à-dire un peu plus de 200 militants de premier rang, des députés et des responsables de section locale principalement. L’issue du scrutin aurait sans doute été très différente si l’ensemble des militants avaient pu voter. Cette défaite ne dit donc pas grand-chose sur la popularité de Theo Francken. Mais elle montre qu’il a perdu son aura en interne. L’affaire des visas humanitaires, la condamnation de Melikan Kucam pour avoir vendu des visas à des ressortissants syriens, il s’agit là d’une tache indélébile sur le bilan de celui qui était encore ex-secrétaire d'Etat à l’Asile et à la Migration à l’époque des faits.

"Ligne Francken"

Mais pour autant, on ne peut pas en conclure qu’il s’agit d’une défaite de la "ligne Francken", de sa vision plus conservatrice, plus à droite du nationalisme flamand. La N-VA n’est pas soudain devenue un parti centriste par l’élection de Valerie Van Peel et de Lorin Parys. L’immigration et la sécurité resteront des thèmes importants pour les nationalistes. Mais ce qui est mis en cause dans cette élection, c’est la course à droite dans laquelle le parti s’est lancé après les élections communales de 2018. Cette poursuite de l’électorat flamand tenté par les thèses de l’extrême droite, qui a notamment mené à la chute du gouvernement Michel sur l’affaire du Pacte des Nations-Unies pour les migrations. Depuis lors, les nationalistes ont un peu perdu le nord. La défaite de Theo Francken qui incarne cette ligne radicale montre que la N-VA veut tester une autre recette pour reconquérir son électorat.

Finalement, il n’y a pas vraiment eu de révolution de palais à la N-VA puisque celui qui sort renforcé de toute cette histoire, c’est le président lui-même : Bart De Wever. Il est désormais secondé par deux vice-présidents expérimentés, loyaux et discrets. Ses lieutenants ne risquent pas de lui faire de l’ombre. Ce qui n’était pas gagné avec Theo Francken dont le positionnement n’est pas toujours compatible avec la Muraille de Chine que Bart De Wever entend reconstruire entre son parti et le Vlaams Belang. Lorin Parys et Valerie Van Peel ne mettront pas une brique de travers dans ce vaste chantier. Et puis ce n’est peut-être pas une vraie révolution de palais non plus parce que, selon les médias flamands, Theo Francken pourrait bien recevoir un lot de consolation. Beaucoup l’imaginent déjà à la tête du futur congrès doctrinal de 2023, celui qui se chargera de concevoir la ligne idéologique du parti pour les élections 2024, celui qui dessinera aussi les contours de la Belgique de demain défendus par les nationalistes flamands lors d’une future réforme de l’Etat.

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