Mais l’adoption du texte pourrait être ralentie par la bataille législative que les républicains opposés au principe comptent mener.
Le projet prévoit une augmentation du salaire minimum par paliers : il passerait à 9,5 $ trois mois après sa promulgation. Quatre hausses successives lui feraient ensuite atteindre l’objectif de 15$ en 2025. Le salaire minimum fédéral serait ensuite aligné automatiquement sur la croissance médiane des salaires. Le montant actuel de 7,25$ avait été fixé en 2009 et n’a plus été revu depuis lors. Mais ce minimum a été augmenté par certains États, certaines villes et certaines entreprises qui tentent d’attirer de la main-d’œuvre. Le niveau de 15$/heure est ainsi déjà atteint dans la ville de New York.
Par comparaison, le salaire minimum légal en Belgique est de 9,65€ brut de l’heure. La FGTB wallonne réclame un salaire minimum de 14€.
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Les serveurs payés grâce aux pourboires
La nouvelle loi américaine a aussi pour objectif de combattre la rémunération des employés sous forme de pourboire, les fameux tips que les clients de bars ou de restaurants ajoutent à leur addition pour le personnel. Un patron peut ainsi ne payer ses employés que 2 ou 3 dollars de l’heure, si les pourboires permettent de combler l’écart avec le salaire minimum légal. A l’avenir, l’employeur serait obligé de verser l’intégralité du salaire minimum fédéral.
Les opposants à cette augmentation affirment qu’en réduisant la capacité des patrons à engager, elle va provoquer une hausse du chômage. Les économistes débattent toujours sur l’impact réel d’une hausse des salaires sur la création d’emploi.
Au sein de l’équipe gouvernementale de Joe Biden, le secrétaire au travail Marty Walsh défendra bec et ongles le projet. Maire de Boston depuis 2013 et ancien syndicaliste, il défend non seulement cette augmentation à 15$, mais aussi un congé familial payé et l’adhésion aux syndicats.
Pour les républicains, la mesure symbole à saborder
La présidente de la Chambre Nancy Pelosi sera donc sous la pression des démocrates progressistes pour que la loi soit adoptée sans délai ni réduction d’ambition. Mais pour faire adopter l’ensemble du plan de relance annoncé par Joe Biden, elle ne pourra se passer du soutien des républicains, très critiques sur la générosité des démocrates. "Des secteurs entiers sont en train de fermer : le tourisme, les compagnies aériennes, les restaurants…", s'inquiète le républicain Doug Heye.
L’augmentation du salaire minimum pourrait être la mesure symbole qu’ils vont tenter de saborder. Une dizaine de sénateurs républicains viennent de proposer au président un projet de loi alternatif à son gigantesque plan de sauvetage de l’économie. Ils souhaitent que l’augmentation salariale soit sortie du plan et fasse l’objet d’un vote séparé.
1900 milliards de dollars
Joe Biden avait dévoilé début janvier son plan doté de 1900 milliards de dollars pour sortir les Etats-Unis du marasme économique. Chèques aux familles, fonds pour rouvrir les écoles, argent pour accélérer tests et vaccins, liquidités pour les petites entreprises, ou encore aide alimentaire renforcée : les mesures doivent répondre à l’urgence, et empêcher le pays de s’enfoncer plus avant dans la crise. Les démocrates souhaitent faire voter ce plan dès le début février, y compris la revalorisation du salaire minimum.