C'est la toute première fois que l'affaire Publifin/Enodia/Nethys débouche sur un mandat d'arrêt. L’avocat de l’homme d’affaires liégeois François Fornieri a confirmé sur le coup de vingt heures que son client a été placé sous mandat d’arrêt et emprisonné, ce jeudi, en fin d’après-midi. C’est la suite d’une longue audition qui a duré pas loin de quarante-huit heures, et qui a déjà valu à l’intéressé, patron du groupe pharmaceutique Mithra et administrateur de diverses sociétés, de passer une première nuit en garde à vue.
►►► Portrait de l'homme d'affaires liégeois François Fornieri
Les chefs d’inculpation sont, selon nos informations, des abus de biens sociaux et des détournements par détenteur d’une fonction publique.
Cette instruction judiciaire concerne la manière dont le comité de rémunérations de Nethys a octroyé des indemnités de rétention à plusieurs membres du management, juste avant l’entrée en vigueur d’un décret wallon sur le plafonnement salarial, une façon d’en détourner l’esprit et la lettre. Des sommes qui ont atteint les quinze millions.
Voici le texte d'un communiqué de l'avocat de François Fornieri, qui explique qu'il demandera la levée du mandat d'arrêt mardi en chambre du conseil, et que cette privation de liberté serait motivée "par les réactions de la presse et du public".
"Au cours de ces deux derniers jours, M. François Fornieri a été longuement entendu par la police judiciaire au sujet de la rémunération de certains managers de Nethys à l’époque où il exerçait une fonction d’administrateur au sein de cette société. Il n’a jamais été le bénéficiaire de ces rémunérations. Tout au long de l’interrogatoire, M. Fornieri a apporté toutes les explications utiles et nécessaires aux enquêteurs en s’appuyant sur de nombreuses pièces et notes qui leur ont été communiquées. En raison de l’audition prochaine d’autres parties impliquées dans le dossier, le juge d’instruction a décidé de placer M. Fornieri sous mandat d’arrêt. Depuis l’entame de ce dossier, M. Fornieri a toujours clamé avoir agi dans le strict respect de la loi et dans l’intérêt de la société dont il était administrateur. Sa présomption d’innocence doit être rappelée avec force. M. Fornieri comparaîtra mardi en chambre du conseil. Il demandera la levée de ce mandat d’arrêt dont il conteste la motivation. Celle-ci surprend en ce qu’elle justifie la privation de liberté par les réactions de la presse et du public. M. Fornieri n’entend pas que sa liberté soit conditionnée au nombre de tweets ou d’articles qui lui sont consacrés."
Quant aux autres anciens membres du comité de rémunérations de Nethys, un mandat d'arrêt a également été délivré à charge de Pierre Meyers, ex-repreneur de Cockerill Mechanical Industrie, ex-administrateur de la fabrique Nationale. Le troisième homme, Jacques Tison, doit apparemment encore être interrogé par le juge.