Liège

Francesco, magasinier de piste la nuit chez FedEx : une vie sacrifiée

Francesco est magasinier de piste la nuit chez FedEx à Liège Airport

© RTBF/Erik Dagonnier

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Par Erik Dagonnier

"On ne voit plus notre avenir. Tout s’est arrêté mardi quand la décision a été annoncée." Comme pour ses collègues, l’annonce des 671 licenciements au hub liégeois de Fedex a ébranlé Francesco. A 40 ans, le magasinier de piste a l’impression d’avoir tout sacrifié pour son travail, pénible mais précieux.


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Ses journées, ce père de trois enfants les preste en réalité la nuit. "On commence à 23h30 et on finit à 5h30", indique-t-il. Avec 6 heures quotidiennes, l’horaire de Francesco est de 30 heures/semaine, même pas un horaire complet ! Des horaires décalés et des tâches ardues : "Quand on a des soutes où il y a deux ou trois tonnes de colis, il faut savoir que ce sont des paquets qui peuvent aller de 1 kg à 30 kg, parfois plus. On est à genoux dans les soutes puisqu’on ne sait pas s’y mettre accroupis ou debout.

"Des soutes où il y a deux à trois tonnes de colis!"

Ceux qui travaillent ici depuis 10, 15 ou 20 ans, ils sont cassés de partout

"On est parfois deux ou trois personnes à se passer les colis afin de les mettre sur une bande qui va les diriger vers un conteneur qui sera amené dans l’avion." La fatigue et l’usure se font ressentir : "J’ai deux tendinites aux épaules. Certains collègues ont des problèmes de dos, des hernies discales… Ceux qui travaillent ici depuis 10, 15 ou 20 ans, eux, ils sont cassés de partout", assure-t-il.

Une vie de sacrifices

Mais pour Francesco, aux désagréments physiques du travail de nuit s'ajoutent les difficultés dans la vie familiale "Au niveau sentimental, avec notre femme, comme tout le monde on a moins de rapports. La journée on est épuisé et on n’arrive pas à assumer pleinement notre vie de famille", regrette-t-il. "Quand on se lève à 15h-16h, la journée est quasi finie. Donc c’est la course contre la montre. C’est une vie à part, on est tout déréglé : on mange la nuit, on est en forme la nuit, on est fatigué la journée, on ne mange pas le jour, etc. On a vraiment tout sacrifié", conclut le père de famille.

On est épuisé et on n’arrive pas à assumer pleinement notre vie de famille

Son temps, ses espoirs et ses forces : il a l’impression d’avoir tout donné pour sa société. L’annonce de la restructuration est d’autant plus amère. "C’est un tsunami social qui se passe ici. On a tant donné ! On est venu travailler au risque de contaminer nos familles puisqu’on est venu malgré le coronavirus. On est resté, on a travaillé et on n’a rien eu, pas eu de prime. Le remerciement qu’on en a, c’est l’annonce des licenciements."

Journal télévisé 20/01/2021

Le personnel de Fedex débraye pour 48h à Liège

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