Cela fait 10 ans jour pour jour. Après 23 ans de règne, le dictateur tunisien Zine el-Abidine Ben Ali fuit son pays, sous la pression populaire. C’est le début de la vague des printemps arabes. Parmi les manifestants qui lui ont hurlé "dégage", les femmes étaient descendues en nombre. "Je me rappelle ces femmes qui avaient grimpé sur les épaules des hommes, pour brandir des pancartes, devant le ministère de l’Intérieur" se souvient émue Sadika. Elles sont sorties massivement le 14 janvier 2011 pour se débarrasser du dictateur mais aussi pour revendiquer l’égalité homme femme.
"J’avais 19 ans, et j’étais prête à cette révolution" se souvient Shams, devenue aujourd’hui enseignante. Elle fait partie de cette génération de jeunes féministes extrêmement actives née de la révolution.
Premières élections, premier obstacle
Rien ne les arrête. Ni les machistes, ni les islamistes. Ces derniers remportent les toutes premières élections libres. Alors que la révolution devait leur permettre d’arracher de nouveaux droits, c’est pour ne pas perdre ceux déjà acquis qu’elles doivent déjà se battre : "A la fac, il y avait, chaque vendredi, des noms qui sortaient de la part des islamistes. Des étudiants qu’il fallait tabasser, tuer. Et mon nom comme celui de mes amies apparaissaient sur ce genre de listes, mais nous nous en fichions complètement. Nous étions prêtes à mourir. Nous étions dans l’affrontement".
En Tunisie, les hommes l’admettent très souvent : "Ce sont les femmes et leur mobilisation qui ont permis de tenir tête aux intégristes. Ce sont les femmes qui ont sauvé le pays".