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Insurrection à Washington : "Il y a vraiment un après-coup assez impressionnant en ce moment aux États-Unis" selon Raphaël Grand, correspondant

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Par M.-L.M.

Il est minuit passé. Le Capitole s’est vidé de ses manifestants pro Trump. Un jour à marquer au fer rouge dans l’histoire politique américaine. Après la tempête, un calme relatif est revenu. Raphaël Grand, un de nos correspondants aux États-Unis est sur place. Il nous décrit cette folle journée et l’ambiance de la soirée.

"Il y a plein de policiers qui ont été déployés dans la ville de Washington et un couvre-feu a d’ailleurs été instauré depuis six heures du soir, heure locale." Abasourdie, la ville de Washington réalise ce qu’il vient de se passer dans le temple de la démocratie. Raphaël Grand, correspondant, décrit une Amérique sous le choc. "Il y a vraiment un après-coup assez impressionnant en ce moment aux États-Unis, avec des gens qui commencent à cerner ce qui est une véritable attaque contre les institutions, contre la démocratie américaine."

Il n’y avait clairement pas assez de policiers

La question sur toutes les lèvres : comment est-ce possible ? D’un point de vue symbolique bien sûr, d’un point de vue pratique aussi. Pour notre correspondant, les agents de sécurité ont été totalement débordés, tout simplement. "Moi, je me trouvais devant le Capitole quand la foule a commencé à avancer, il y a des barrières qui ont été poussées, les policiers ont été encerclés et on a vu les gens monter les marches et entrer progressivement dans le Capitole. Il n’y avait clairement pas assez de policiers."

Deux poids, deux mesures

Une interrogation qui s’ajoute à toutes les autres : comment se fait-il que les agents de police n’aient pas été plus nombreux ? Ce n’est pas comme si Washington n’avait pas l’habitude de voir des manifestants défiler dans ses rues. Ces derniers mois, les protestants de Black Lives Matter ont été nombreux à faire entendre leur voix dans la capitale américaine.


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"On a l’impression qu’il y a deux poids, deux mesures, commente Raphaël Grand. Quand ce sont les Afro-Américains, les Black Lives Matter, qui manifestent en ville, il y a énormément de policiers, mais quand ce sont les Américains blancs pro Trump qui sont en ville, on a l’impression que la police de Washington n’était clairement pas préparée."

© AFP

Les images de cette journée resteront à jamais gravées dans la mémoire américaine avec notamment celle de ce trappeur conquérant qui pose torse nu avec ses tatouages ou encore celles des hordes de manifestants bardés de drapeaux des États confédérés. Pour eux, c’était le grand soir, la révolution. On pouvait entendre "On reprend notre pays. Ce pays est à nous, pas à eux."

"Ce sont pour la plupart des gens de la base dure de Donald Trump, décrit Raphaël Grand. Il y a quand même une coalition un peu compliquée là-dedans. Il y a notamment des gens — on a parlé des Proud Boys, par exemple — qui sont issus de ces milices d’extrême droite qui étaient là. Ce sont des gens qui n’ont pas peur d’aller au contact avec la police, et je pense qu’ils faisaient partie de ces personnes qui ont forcé les barrages policiers."

Et puis, il y a aussi d’autres personnes qui sont issues de mouvances un peu extrémistes, selon notre correspondant. "On parle notamment des QAnons, ces conspirationnistes américains. On a vu pas mal de gens avec des pancartes arborant cette lettre Q, signe avec lequel les QAnons peuvent communiquer."

Joe Biden a parlé d’insurrection. Alors s’agit-il vraiment d’un soulèvement qui vise à renverser le pouvoir établi ? Pour notre observateur sur place en tout cas, cette action isole Donald Trump. C’était l’erreur de trop.

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