Comment les partisans de Trump ont-ils pu s’introduire aussi facilement dans le Capitole?

Le Capitole, avec la Chambre des représentants d’un côté et le Sénat de l’autre, a ses propres forces de sécurité: la police du Capitole. Des milliers de policiers de la ville de Washington avaient également été mobilisés pour accompagner la marche de protestation qui avait été annoncée. Le département de la police métropolitaine de la ville avait déployé la totalité de ses 3.750 agents disponibles et des agents de la Park Police ainsi que des services secrets avaient également été mobilisés.

Pourtant, tous les agents présents n’ont pas pu arrêter les manifestants une fois arrivés sur les marches du Capitole, malgré les matraques et les gaz lacrymogènes. En tout cas, il semble que les forces de l’ordre présentes aient sérieusement sous-estimé le nombre de manifestants à Washington DC. Face à l’intrusion de dizaines de manifestants au sein du Capitole, les gardiens n’ont pas eu d’autre choix que de faire marche arrière.

Selon le commissaire de la police métropolitaine, Robert J. Contee, les forces de sécurité avaient la foule relativement sous contrôle lorsqu’elles ont marché vers le Capitole après la rencontre avec le président Trump plus tôt dans la soirée. Une fois sur place, leur attitude “a changé de façon spectaculaire”, a déclaré le commissaire. “Ils ont franchi les barrières et ont encerclé les officiers présents. En raison de leur comportement violent et de leurs tentatives d’entrer dans le bâtiment, des émeutes ont éclaté. Les manifestants avaient clairement l’intention d’envahir le bâtiment, et ont également utilisé des gaz lacrymogènes contre les officiers”.

Les images montrent comment les députés et le personnel ont dû se cacher entre les bancs de la Chambre et du Sénat, et dans les couloirs de l’immense bâtiment, certains d’entre eux ayant revêtu d’urgence des masques à gaz.

Ce n’est pas seulement le discours prononcé par Donald Trump juste avant l’assaut qui aurait dû justifier des précautions supplémentaires -  discours dans lequel il appelait ses partisans à “aller au Capitole dans une marche pour sauver l’Amérique”. Des menaces ont également été proférées sur les médias sociaux pendant des semaines par des partisans radicaux de Trump et par des groupes d’extrême droite.

Selon le New York Times, les partisans de Trump ont cherché à savoir toute la journée via les réseaux sociaux quelles rues emprunter jusqu’au Capitole afin de déjouer au maximum la police. Plusieurs manifestants avaient également avec eux des outils spécialisés pour briser portes et fenêtres. Il semble donc qu’au moins une partie de l’attaque ait été planifiée à l’avance.

L’armée a d’abord refusé d’intervenir. La défense aurait été réticente à intervenir activement car l’intervention militaire au cœur de la démocratie est politiquement très sensible. L’État de Virginie, qui est limitrophe de la région de Washington DC, a finalement envoyé des troupes de la Garde nationale au Capitole à la demande du maire de la ville, qui elle-même n’appartient à aucun État. La Garde nationale de Washington DC a finalement été déployée également, selon les médias américains. Le maire de la ville a annoncé un couvre-feu à partir de 18 heures, heure locale (minuit, heure belge).

Un fonctionnaire du gouvernement a indiqué que le FBI était également déployé pour aider la police du Capitole à protéger la “propriété fédérale”. La police des États du New Jersey, du Maryland et de la Virginie sont également arrivées en renfort entre-temps.

Le vice-président Mike Pence a finalement fait appel à la Garde nationale pour dissiper les émeutiers du Capitole. Après quatre heures de chaos, l’ordre et la sécurité ont été rétablis. Les sénateurs qui s’étaient mis à l’abri pendant ce temps ont alors pu poursuivre leurs travaux et entériner la victoire de Joe Biden aux présidentielles.

Donald Trump avait appelé ses partisans au calme à l’aide d’une brève vidéo sur Twitter dans laquelle il leur demandait de“rentrer chez eux” après que plusieurs centaines d’entre eux ont envahi le Capitole à Washington.

“Nous n’abandonnerons jamais. Nous ne concéderons jamais”, avait lancé plus tôt dans la journée le président républicain devant ses partisans réunis à Washington, la Maison Blanche en toile de fond, reprenant contre toute évidence ses accusations de fraudes.

Quant à Rudy Giuliani, l’avocat personnel du président, il était adressé à la foule dans la capitale mercredi après-midi avec un langage particulièrement incendiaire. “Obtenons la justice par le combat”, avait-il lancé aux partisans de Trump. 

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