Formation fédérale: Paul Magnette et Bart De Wever ont une semaine pour convaincre
Les présidents du PS et de la N-VA rencontreront libéraux et écologistes pour tenter de trouver une majorité fédérale.
- Publié le 09-08-2020 à 21h59
- Mis à jour le 09-08-2020 à 22h29
Comme on pouvait s’y attendre, le duo Paul Magnette-Bart De Wever a été reconduit par le Roi ce samedi. Leur mission a été prolongée jusqu’au 17 août. Dans son communiqué, le Palais indique que le Roi a invité les partis concernés à "faire preuve d’un grand sens des responsabilités afin de pouvoir conclure rapidement un accord de gouvernement". Quinze mois après les élections, il est demandé à chacun de faire un pas vers l’autre et assouplir des positions inconciliables par nature. On peut penser que ce message s’adresse tant aux libéraux qu’aux écologistes qui, consultés la semaine dernière, ont placé leurs exigences assez haut.
Par ailleurs, le Roi a souligné l’urgence à sceller un accord de gouvernement. Il faut conclure "rapidement", insiste-t-il. Ce n’est pas pour rien que le roi Philippe a limité à une semaine seulement la prolongation de la mission des deux hommes alors que leur recherche d’une majorité parlementaire reste toujours aussi ardue.
Une réunion à 5 d’abord
Le président du PS et son homologue de la N-VA ont promis de revoir les libéraux et les écologistes avant leur retour au Palais royal et de sonder leur volonté d’embarquer dans une négociation fédérale. Mais ils réuniront d’abord les cinq partis qui sont aujourd’hui déjà autour de la table et qui semblent former le socle de la prochaine majorité fédérale (la N-VA, le PS, le SP.A, le CD&V et le CDH). La rencontre aura lieu ce lundi. Elle servira à souder les liens au sein de ce club des 5. Les deux préformateurs doivent rassurer chacun sur le fait que la venue d’un ou de deux autres partis ne remettra pas en cause leur présence.
L’arithmétique aura toute son importance. Les cinq partis totalisent 69 sièges - 70 en comptant celui d’Emir Kir, député indépendant qui continue à voter comme son ancien parti, le PS. Il leur faut encore au moins 7 sièges - 6 si on compte Emir Kir - pour atteindre la majorité. Et pas question d’aller au pouvoir sans avoir comblé la différence. L’idée de mettre sur pied une coalition minoritaire, un moment évoquée, est jugée trop hasardeuse dans les conditions actuelles.
Des duos embarrassants
Les deux préformateurs doivent donc convaincre au moins un sixième parti de les rejoindre. Un parti qu’ils ne peuvent trouver que dans la famille libérale ou dans la famille écologique (qu’ils rencontreront mercredi). Et c’est là que cela coince.
Première difficulté : les partis qui pourraient faire l’appoint se présentent en binôme. Groen et Écolo sont scotchés l’un à l’autre. L’Open VLD et le MR aussi. Or les partis autour de la table préféreraient ne prendre avec eux qu’un seul parti. Plus il y a de partis dans un gouvernement, moins la cohésion est forte, moins le nombre de ministres par parti est élevé, et moins la voix de chacun compte au sein de la majorité.
Un projet difficile à digérer
Deuxième difficulté : susciter l’adhésion du nouveau venu au projet de base. On le sait, ce projet politique s’articule autour d’un échange entre la promesse d’une nouvelle réforme de l’État et celle de quelques avancées sociales en faveur des allocataires sociaux. Cet échange est la condition indépassable du futur accord car lui seul permettra de réunir le PS et la N-VA au sein d’une même majorité fédérale. Mais il paraîtra forcément un peu indigeste aux libéraux et aux écologistes qui sont sans doute les partis belges les plus attachés à la structuration fédérale de la Belgique. Pour les libéraux, le programme est d’autant plus difficile à ingurgiter qu’ils devront en plus avaler un programme social pas forcément compatible avec leur credo en faveur de la rigueur budgétaire.
De toute évidence, Paul Magnette et Bart De Wever ne sont pas au bout de leur peine.