Dieumerci Mbokani après sa victoire au soulier d'Ebène: "Anderlecht peut m’appeler"
Depuis Monaco, Dieumerci Mbokani (34 ans) évoque sa victoire au Soulier d’ébène et son avenir : "Je suis ouvert à toute proposition."
- Publié le 02-06-2020 à 07h28
- Mis à jour le 02-06-2020 à 10h07
Depuis Monaco, Dieumerci Mbokani (34 ans) évoque sa victoire au Soulier d’ébène et son avenir : "Je suis ouvert à toute proposition."
À Monaco, où il est en confinement depuis le début de la crise du coronavirus en mars, Dieumerci Mbokani (34 ans) a été élu Soulier d’ébène, cela pour la seconde fois de sa carrière. "Boussoufa est recordman avec trois Souliers d’ébène ? Dites-lui que je suis prêt à égaler son record (rires). Du moins, si je reste en Belgique..."
Interview exclusive avec le meilleur attaquant de notre championnat, qui ne sait pas encore pour quel club il marquera des buts en 2020-2021.
Dieumerci Mbokani, commençons par ce qui intéresse le plus les gens : où jouerez-vous la saison prochaine ?
"Je ne sais pas encore. J’ai plusieurs propositions ; je vais décider avant la fin du mois de juin. Mes agents, Christophe Henrotay et Fabio Baglio, s’en occupent. J’ai pleine confiance en eux."
Où en sont les discussions avec l’Antwerp ? Vous maintenez que vous ne resignez que si c’est pour deux ans ?
"Oui. Cela n’a rien à voir avec mon âge. Mais j’estime que je dois être récompensé pour ce que j’ai fait pour le club la saison passée. Je veux bien rester : l’Antwerp et ses supporters, c’est comme s’ils faisaient partie de la famille."
Bölöni, Bolat et Mirallas sont partis, Lamkel Ze pourrait suivre. Cela peut influencer votre décision ?
"Non. Moi, je suis un joueur, je dois jouer. La direction doit prendre des décisions. Mais il est clair que l’Antwerp doit repartir de zéro et reconstruire une équipe. Lamkel Ze? Je lui conseille de rester encore un an et de partir par la grande porte. En ce qui concerne Bölöni, il a toujours été comme un père pour moi. Depuis notre départ du Standard, il m’a toujours appelé pour avoir de mes nouvelles. Même quand j’étais à Kiev. Donc, le jour où la décision a été prise de quitter l’Antwerp, il m’a appelé. Je lui ai souhaité bonne chance."
Ivan Leko lui succède.
"Je me souviens de lui comme médian avec un excellent pied gauche quand il jouait à Bruges et moi au Standard. À Bruges, il a montré qu’il est un bon coach, vu qu’il a gagné le titre."
Vous aviez deux propositions de Chine.
"Oui, mais la Chine, c’est loin. Surtout pour la famille. Cela dit, je n’ai pas encore décidé."
Et le Qatar, qui est moins loin ?
" (Rires) On verra bien. Je le répète : j’ai beaucoup de propositions."
Une question qu’on vous pose chaque année. Anderlecht ?
"Je n’ai encore rien entendu de la part d’Anderlecht."
Mais le club vient d’annoncer une hausse de capital.
"Je suis ouvert à toute proposition, donc Anderlecht peut m’appeler. Je l’ai toujours dit : cela reste mon club. Je n’ai pas oublié ce qu’il a fait pour moi, même si les patrons ont changé. Si Anderlecht me fait une proposition, on va se mettre autour de la table et on va parler."
Ce Soulier d’ébène et le trophée de meilleur buteur de D1 le démontrent : l’âge n’affecte pas vos prestations. Que du contraire.
"C’est dans la tête que tout se joue. J’ai mes qualités et je sais que je peux encore faire la différence. Je me sens bien, très bien même. Mbokani n’est pas usé."
Vous êtes meilleur qu’en 2012, quand vous avez gagné votre premier Soulier d’ébène ?
" (Il réfléchit) Difficile à dire. C’est pareil, je crois. J’ai même plus marqué qu’en 2012 (NdlR : 15 buts en championnat en 2012, 18 cette saison, alors qu’il restait 11 matchs à jouer) Mais en 2012 j’avais aussi gagné le Soulier d’or."
Les deux prix de cette saison - le Soulier d’ébène et celui de meilleur buteur - compensent votre deuxième place au Soulier d’or ?
"Je l’avais dit après le Soulier d’or et je le répète : j’étais fier d’être sur le podium. Et je suis tout aussi fier de gagner ce Soulier d’ébène. C’est un honneur d’avoir été élu meilleur joueur africain de Belgique. Vous n’oubliez pas de remercier tous mes coéquipiers de l’Antwerp et Bölöni ?"
Deux Souliers d’ébène, c’est beau. Mais ce serait encore plus beau d’en gagner un troisième pour être le meilleur Africain de Belgique de tous les temps, avec Boussoufa.
"J’ignorais que Bouss en avait trois (rires) ! Bientôt - si je signe en Belgique - on sera à égalité."
"J’aurais pu marquer 30 buts"
Mbokani n’a pas encore reçu son trophée de meilleur buteur de la Pro League. "Mais j’y attache beaucoup de valeur quand même. Dix-huit buts après 29 matchs de championnat, ce n’est pas mal. C’est dommage que le championnat ait été arrêté. J’avais retrouvé le bon rythme (NdlR : il avait réussi un triplé lors de l’avant-dernier match, contre Ostende). J’aurais pu marquer 30 buts."
Mbokani a devancé le Gantois David sur base des buts inscrits à l’extérieur. "J’ai lu cela. Et, honnêtement, je trouve que ce règlement est logique. Quand un club joue des matchs de barrage ou de qualification, les buts inscrits en déplacement font aussi la différence. Si David avait gagné sur base de cette règle, je l’aurais accepté. Je tiens d’ailleurs à féliciter David pour sa saison. C’est un très bon attaquant."
"J’aurais dû aller à Liverpool en 2010"
Son confinement a été assez compliqué. "J’allais dormir trop tard. Puis j’ai acheté un tapis roulant et un vélo, surtout pour grimper."
Mbokani et sa petite famille n’ont pas pu rentrer en Belgique depuis deux mois et demi, les frontières étant fermées. "J’espère bientôt revenir", assure Dieu. "Cela commence à faire long. Je suppose qu’il y aura des vols en juin. Mais bon, heureusement, le Covid-19 n’a pas fait de victimes dans ma famille ou parmi mes amis, aussi bien en Belgique qu’au Congo."
La période de confinement a été une rude épreuve pour Mbokani. "Je l’avoue, j’ai éprouvé du mal à m’y adapter. Toujours devoir rester chez soi, alors qu’on est habitué à aller aux entraînements et aux matchs. J’avais tellement d’énergie que j’allais dormir tard au début. Trop tard. Jean-François m’a réveillé."
Jean-François Lenvain est son fidèle accompagnateur. "On se connaît depuis très longtemps. Il m’a appelé presque tous les jours pour me motiver. J’ai repris les entraînements depuis un certain temps. Je travaille avec un coach personnel ici, à Monaco. J’ai aussi acheté un tapis roulant et un vélo."
Dieu ne fait pas encore des entraînements avec Philippe Gilbert. "Non. Monaco n’est pas grand, donc je ne fais pas des centaines de kilomètres. Je préfère grimper et descendre dans les montagnes."
En mai, l’Antwerp a ouvert ses portes pour les joueurs qui voulaient s’entraîner individuellement. Mbokani : "J’étais le bienvenu, mais j’étais bloqué ici. Et ce n’était pas obligatoire. Seulement sept à huit joueurs sont allés au club. L’Antwerp m’a également envoyé une invitation pour la reprise des entraînements, le 15 juin. J’ai contacté Frédéric (NdlR : Leidgens, le team manager) et j’ai demandé comment c’est possible, vu que je suis fin de contrat. Il m’a dit que l’Antwerp allait tout faire pour que je puisse rester."
La finale de la Coupe est prévue le 1er ou le 2 août. "Si je ne resigne pas, je ne joue pas. Même si je veux la jouer, et même s’il s’agit d’un match de la saison 2019-2020. Ma forme actuelle ? Je ne cache pas que j’ai un manque de rythme de matchs ; je n’ai plus touché le ballon depuis longtemps. Mais ça va vite revenir. Je suis à nouveau sur la bonne voie."
Le jeune Mbokani n’aurait probablement pas repris les entraînements individuels. N’aurait-il pas joué au top absolu s’il avait été plus professionnel au début se carrière ? Mbokani :"Cela n’a rien à voir avec cela. Seulement, j’ai fait des mauvais choix. Le plus mauvais a été d’aller à Monaco au lieu de signer à Liverpool, en 2010. Je n’avais plus qu’à signer le contrat. Demandez à Lucien (NdlR : d’Onofrio). Jovanovic, lui, l’a fait. Liverpool n’avait pas le niveau actuel, mais quand même…"
"Après ma carrière, je reste en Belgique"
Sa femme et lui font souvent des dons à des œuvres de charité, en Belgique et au Congo.
Si Mbokani reste à l’Antwerp ou signe dans un autre club belge, il entamera sa 9e saison en Belgique. "C’est mon deuxième pays", confirme-t-il. "J’aime la Belgique. J’y ai grandi(NdlR : il avait 20 ans quand il est arrivé à Anderlecht), mes enfants sont nés ici et se sentent belges. Nous avons déjà décidé que nous allions rester en Belgique après ma carrière. C’est pour cela que j’y ai acheté plusieurs maisons. Combien ? (Rires) C’est privé."
Dieu était d’ailleurs l’un des nombreux Souliers du cœur à avoir fait fait des dons pour approvisionner le personnel médical et les plus démunis en Belgique. "C’est normal, non ?"
En plus de cela, il aide beaucoup de jeunes et de personnes pauvres, aussi bien en Belgique qu’au Congo. "Mon épouse, Marlène, et moi faisons cela depuis longtemps. Mais on préfère faire cela en toute discrétion. Je ne vais donc pas vous dévoiler quel budget je verse par mois (rires)."