A l’heure de l’épidémie de coronavirus, la situation dans les homes pour personnes âgées est particulièrement préoccupante. Le président du CPAS d’Evere, qui gère un home de 80 lits, avait déjà tiré la sonnette d’alarme au début de la crise. Depuis, la situation n’a pas évolué : elle a même empiré. Sébastien Lepoivre (PS) l’a écrit dans un courrier de détresse adressé au ministre bruxellois de la Santé Alain Maron (Ecolo). Mardi, ce dernier annonçait que près de la moitié des maisons de repos en Région bruxelloise sont touchées par le coronavirus.
Les agences d’intérim ne peuvent plus fournir d’aide
Que dit le courrier adressé lundi par ce président de CPAS ? Dans sa maison de repos, le Home Roger Descamps, le confinement des résidents a été décrété le 12 mars. Le premier cas positif a été déclaré cinq jours plus tard. Le 18 mars, un deuxième résident est hospitalisé et déclaré positif au Covid-19 le 22 mars. "Depuis la semaine du 23 mars, nous n’avons plus de personnel kiné, ergothérapeute, logopède ni animateur. L’absentéisme pour maladie ne cesse de croître, les agences d’intérim ne peuvent plus fournir d’aide de sorte que depuis jeudi 26 mars, nous ne pouvons garantir une présence infirmière de jour comme de nuit, à tout le moins avec énormément de difficultés. Le personnel restant et mobilisé s’épuise."
La direction est également sous certificat médical. "Notre directrice est sous certificat médical et depuis un an nous n’avons plus de médecin coordinateur malgré toutes nos recherches et l’obligation d’en bénéficier", écrit Sébastien Lepoivre.
Plusieurs résidents ne s’alimentent plus, sont déshydratés
Les résidents se retrouvent dès lors, précise la lettre, sans contacts sociaux, sans leur famille (interdite d’accès au home, comme dans toutes les autres institutions de ce type dans le pays). Les résidents ne sont pas seulement confinés, mais totalement "isolés". La situation est même bien plus dramatique : "Plusieurs d’entre eux ne s’alimentent plus, sont déshydratés et ont dû être mis sous perfusion. Les premières escarres apparaissent", ajoute la missive. Le SMUR, lorsqu’il est appelé pour porter secours à un résident, refuse de l’emmener à l’hôpital.
Et pour justement s’occuper dignement des résidents isolés, le CPAS d’Evere dit manquer de matériels de protection : masques, blouses, lunettes, sur-chaussures… "Dans ces conditions, nous sommes demandeurs de toute aide", écrit Sébastien Lepoivre. Selon lui, cela peut passer "par la fermeture d’autres structures sociales et de santé (NDLR: dans toute la Région bruxelloise) et de la réaffectation éventuelle de certaines de leurs équipes." Dans ces équipes, le CPAS d’Evere pense à des médecins, des infirmiers brevetés, des aide-soignants, des kinés, des logopèdes…