Kinshasa n’a pas été confinée ce dimanche : les autorités congolaises sont revenues sur leur décision quelques heures avant de l’appliquer, devant des manifestations de colère de la population et une ruée vers les marchés.
De nombreux états ont instauré des limitations aux déplacements, couvre-feux, interruption des transports publics, cordons sanitaires autour des villes, parfois un confinement. Mais appliquer et faire respecter un confinement strict de la population an Afrique subsaharienne est bien plus compliqué qu’en Chine ou en Europe. Voire mission impossible.
L’exemple de Kinshasa
Pour la toute grande majorité des Kinois, sortir de chez soi est vital.
"A Kinshasa, 90% de la population vit grâce au secteur informel" explique Arnaud Zacharie, Secrétaire général du CNCD-11.11.11, le Centre national de coopération au développement. "Ça veut dire que la toute grande majorité des habitants n’ont pas d’emploi formel avec un salaire qui tombe chaque mois pour pouvoir s’alimenter. Donc chaque jour 90% de la population kinoise doit sortir dans la rue pour nourrir sa famille le soir".
Dans la capitale congolaise, l’annonce du confinement avait d’ailleurs suscité une tension immédiate.
"Le gouvernement a été prudent de reculer", estime Jean-Pierre Godding, prêtre qui gère un centre d’accueil d’enfants des rues à Kinshasa. "Parce que le jour même de cette annonce, tous les prix des vivres sur le marché ont doublé, en 24 heures. Alors que la plupart des gens ne vivent que de ça. Dans les quartiers populaires où je vis, ce sont les mamans qui nourrissent les familles. Si la maman n’a rien vendu sur le marché, la famille ne mangera pas".
Le danger de sortir ou le danger d’être cloîtré ?
La moitié de la population de la Kinshasa n’a, par ailleurs, pas accès à l’électricité et à l’eau… L’eau, une ressource vitale dont l’accès doit plutôt être facilité, dans ce contexte de nécessaire renforcement de l’hygiène.