Challenge "40 jours sans viande" : un tremplin pour devenir végétarien ?

La Semaine Viva - Hélène Alexiou sur le mois sans viande

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Par Pierre-Yves Dubois

Avec la fin du mois de février se termine la tournée minérale; un défi suivi par de nombreuses personnes qui ont choisi de se passer d’alcool durant tout un mois. Mais si vous aimez les défis, un autre commence à partir du 1er mars : se passer de viande et de poisson pendant 40 jours.

Ce challenge du 1er mars est apparu il y a quelques années pour protester contre les conditions d’élevage des animaux et, avec lui, émerge une réflexion sur le végétarisme voire le végétalisme (régime qui exclut tout produit d’origine animale, donc sans lait, ni œufs, ni miel…). Peut-on se passer intégralement de viande et de poisson sans risque de carence alimentaire ? N'est-ce pas néfaste pour la santé ?

"Devenir végétarien du jour au lendemain ne s’improvise pas", explique Hélène Alexiou, diététicienne et professeure de diététique à la Haute Ecole Léonard de Vinci à Bruxelles. Néanmoins, "s’arrêter de manger de la viande pendant un mois par défi n’aura pas de répercussion directe sur la santé car cela reste un laps de temps assez court."

Challenge "40 jours sans viande" : un tremplin pour devenir végétarien ?
Challenge "40 jours sans viande" : un tremplin pour devenir végétarien ? © Flickr

Changer durablement notre alimentation

Un défi qui ne serait donc, en lui-même, ni positif ni négatif. Surtout s’il ne vous pousse pas à modifier durablement votre alimentation. "Veut-on juste arrêter la viande puis le lendemain aller au restaurant pour avaler une entrecôte de 400 grammes ou est-ce une réflexion en rapport au fait de végétaliser son alimentation ?"

Une réflexion vers une végétalisation de l’alimentation qui est appuyée par de nombreux diététiciens qui recommandent déjà d’abaisser notre consommation de viande. "On conseille d’ingérer un maximum de 300 grammes de viande par semaine mais aussi de manger au minimum une fois par semaine des légumineuses", c’est-à-dire haricots, lentilles, fèves, pois ou les aliments à base de soja.

Boucheries : bilan des 40 jours sans viande

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Un processus complexe

Si être végétarien ne s’improvise pas, être végétalien ou végan doit s’accompagner d’une réflexion méthodique afin d’éviter les carences. "Si on supprime la viande, les produits laitiers et tous ces nutriments, il faut bien les remplacer par autre chose."

Malheureusement, il n’existe pas un aliment végétal qui se substituerait à la perfection aux denrées animales. Lorsque l’on supprime ces produits de son alimentation, on diminue notre consommation de protéines de haute valeur biologique, de fer, de zinc mais aussi d’iode, de calcium et d’oméga-3 et aucun aliment autre que la viande ne les contient tous.

La Pyramide Alimentaire 2020, développée par Food in Action et le département diététique de l’Institut Paul Lambin – Haute École Léonard de Vinci
La Pyramide Alimentaire 2020, développée par Food in Action et le département diététique de l’Institut Paul Lambin – Haute École Léonard de Vinci © Food in action 2020

Compenser ces manques

"Il est possible d’équilibrer une alimentation végétarienne en jouant sur d’autres familles alimentaires". Par exemple, associer des légumineuses qui apportent des protéines (mais de moindre qualité par rapport à la viande) avec des céréales. Il existe aussi des alternatives telles que les substituts végétaux comme le tofu et le soja qui apportent des protéines de haute valeur biologique.

Pour ce qui est du fer et du zinc, on peut à nouveau se diriger vers les légumineuses mais aussi vers les fruits oléagineux tels que les noix, les amandes et les pistaches.

Sans viande, tous ces aliments nous permettent donc de retrouver un certain équilibre. Mais dans le cas où l’on se passe aussi de produits laitiers (qui amènent, en plus du calcium, 50% de nos besoins en iode) et d’œufs, cela devient problématique. "L’œuf, qui a longtemps été décrié, est un aliment extraordinaire. Il contient du fer, du zinc, des protéines de haute valeur biologique et de l’iode."

Mais celle qui pose les plus gros problèmes, c’est la vitamine B-12. C’est une vitamine qui disparaît complètement dans le régime végétalien. Une solution est alors de boire des laits végétaux enrichis en calcium et en vitamines B12 ou des compléments sous forme de gélules. Même chose pour les acides gras oméga-3 que l’on trouve habituellement dans le poisson.

Se diriger vers une aide professionnelle

"Le végétalisme s’éloigne très fort du modèle omnivore et ne peut être compensé que grâce à la combinaison de graines, de fruits oléagineux, mais aussi d’algues. Mais là aussi, attention, toutes les algues ne sont pas bonnes, certaines sont trop riches en arsenic et en métaux lourds."

On l’a compris, changer d’alimentation peut s’avérer très complexe. Pour rester en bonne santé, Hélène Alexiou recommande d’aller voir au moins une fois un professionnel pour être orienté vers les bons produits.

Reste à savoir vers qui se tourner. Diététicien ou nutritionniste? Hélène Alexiou est claire sur ce point: "Diététicien est le seul titre reconnu d’un point de vue légal." Pour elle, les formations pour devenir nutritionniste peuvent parfois être sommaires.

Son dernier conseil pour ceux qui décident de franchir le pas et de se passer de viande: procéder à des prises de sang. "On conseille en général de faire un bilan une fois par an, notamment pour doser la vitamine B12."

Retrouvez la Semaine Viva chaque semaine sur Vivacité entre 13h et 14h avec Régine Dubois et Christophe Grandjean.

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