Le Pr. Herman Goossens répond à vos questions sur le coronavirus: "Ce qui se passe en Italie est un moment décisif"

Le Professeur Heman Goossens répond à vos questions sur le coronavirus : « Ce qui se passe en Italie est un moment décisif »

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Par RTBF La Première

Les médias en font-ils trop sur le coronavirus ? Quels sont les risques ? Le professeur Herman Goossens, microbiologiste à l’Université d’Anvers et coordinateur de la Plateforme européenne sur les pandémies, était en direct dans Matin Première ce jeudi pour faire le point sur la propagation de l’épidémie et répondre aux questions des auditeurs.

Faut-il annuler ses vacances dans les pays infectés ?

"Je pense qu’il faut éviter d’aller dans des régions infectées, comme celles en Italie, d’autant plus si vous êtes une personne âgée. Il ne faut pas aller chercher le risque. Je pense que je ne prendrais pas ce risque".

Doit-on contrôler les personnes revenues des pays infectés ?

"La situation change toutes les heures. Il n’est pas exclu que dans quelques semaines, il y ait une propagation partout en Europe du coronavirus et cela va être beaucoup plus difficile à maîtriser. Donc je trouve qu’il faudrait tester davantage les gens de retour des régions où il y a des cas. Pour le moment, pour les personnes qui reviennent notamment du Nord de l’Italie, il n’y a aucun contrôle. Moi je pense qu’il faudrait le faire.

Par exemple, dans notre laboratoire, on fait des tests depuis un mois pour des personnes qui reviennent de ces régions même si elles ne présentent pas beaucoup de symptômes."

Faut-il prendre des mesures dans les transports en commun ?

"Il est clair que s’il y a une épidémie dans une région, les transports en commun peuvent être responsables de la propagation du virus. Mais pour le moment, il n’y a pas de cas en Belgique donc il ne faut pas prendre des mesures dans les transports à l’heure d’aujourd’hui."

Quand va-t-on trouver un vaccin ?

"Il y a plusieurs équipes dans le monde qui ont démarré leurs recherches pour un vaccin contre le coronavirus. Cela va certainement prendre minimum six mois, peut-être même plus. Et lorsqu’on aura trouvé un vaccin, il faudra encore faire des études cliniques pour voir s’il est efficace. Donc ce vaccin ne pourra certainement pas être utilisé avant l’année prochaine. Par ailleurs, se vacciner contre la pneumonie n’empêche pas de contracter ce coronavirus."

Sans vaccin, comment peut-on guérir ?

"La plupart des gens guérissent sans traitement antiviral, grâce à leur système immunitaire. Donc la plupart des gens guérissent spontanément.

Le taux de la mortalité est entre 2 et 3% pour les cas confirmés, selon les chiffres qui nous viennent de la Chine. Je dis confirmés’ parce qu’on sait qu’il y a des dizaines de milliers de personnes en Chine qui n’ont jamais vu un médecin, qui n’ont jamais été testées. Donc je pense que la mortalité va baisser énormément une fois qu’on aura plus d’informations chiffrées.

Le coronavirus est plus mortel que la grippe. La grippe, c’est une personne sur mille qui peut décéder. Alors que le coronavirus, c’est deux personnes sur 100, souvent les plus fragiles."

A partir de quel(s) symptôme(s) dois-je m’inquiéter ?

"Les symptômes du coronavirus sont les mêmes que ceux de la grippe : toux, fatigue, fièvre, parfois le mal de gorge. Il ne faut pas trop vite s’inquiéter.

Il ne faut pas tout de suite penser au coronavirus sauf si la personne a été dans une région touchée pour le moment. J’ai beaucoup de contacts avec des collègues en Italie. Les personnes infectées ne sont pas très malades. Les décès concernent surtout les personnes âgées et les personnes plus fragiles sur le plan immunitaire."

Pourquoi parle-t-on d’épidémie et non de pandémie ?

"L’OMS prend trois critères en compte : ça dépend de l’ampleur, la gravité et la propagation du virus à travers le monde. Il faut aussi une propagation locale comme en Chine et en Italie. Mais l’OMS estime que ce n’est pas encore le cas et que les Italiens vont peut-être pouvoir contrôler cette épidémie. Je pense que ce qui se passe en Italie, c’est un moment décisif dans cette épidémie. Et peut-être que d’ici une ou deux semaines, s’ils n’arrivent pas à stopper la propagation du virus au sein de leur pays, on va parler d’une pandémie."

Est-ce qu’on nous dit tout ?

"Je pense qu’on a tous été très transparents. Je pense qu’au début, la Chine a essayé de cacher certaines choses. Mais je crois que les Chinois communiquent à présent énormément et ils publient des articles tous les jours dans les revues scientifiques."

Les médias en font-ils trop ?

"D’une part il ne faut pas trop en parler pour ne pas créer la panique. D’autre part, il faut quand même informer. C’est surtout important qu’on informe les gens correctement sans créer de la panique parce que cela ne sert à rien de paniquer."

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