La situation est d’autant plus préoccupante que la frontière turque au Nord est complètement fermée. Ces civiles qui fuient les frappes s’abritent dans des camps de déplacés en plein hiver, par des températures négatives la nuit. Des bébés sont morts de froids ces dernières semaines. " Le problème qu’on a déplore Emmanuel Massart, c’est que même dans ces camps, ils ne sont plus en sécurité. Il y a deux semaines, un camp a été visé par des frappes ".
Déplacés pour la 2eme ou 3eme fois
Dès lors, MSF demande a minima le respect des règles de droit international : " il faut respecter les règles de la guerre ! Bombarder un camp, c’est inacceptable ! Il faut aussi laisser l’aide humanitaire arriver ". De son côté, Christian Olsson, professeur de sciences politiques à l’ULB rappelle que ces déplacés le sont souvent pour la deuxième ou troisième fois du conflit : " Sur les 3 millions des habitants de la Région d’Idlib, la moitié n’en est pas originaire. Ils viennent d’Alep, de Deera ou de La Goutha Orientale après la reprise de ces villes par le régime. Ce sont des gens qui ont déjà perdu des combats contre l’armée du régime. Si cette armée revient, ils seront dans le collimateur, ils doivent fuir ". Et un retour de l’armée dans cette zone, c’est ce qui risque d’arriver. Les forces armées syriennes régulières ont repris une 20 aine de villes et villages depuis le début de la semaine.
Bachar Al-Assad en passe de gagner la bataille
Cette avancée du régime dans la région, pour Christian Olsson, c’est une victoire pour Bachar Al-Assad : " Il est en train de remporter la bataille territoriale. S’il récupère les deux autoroutes principales de la région, la M4 et la M5, il ne restera plus grand-chose de cette dernière poche rebelle d’Idlib si ce n’est la zone frontière avec la Turquie ". Mais dans cette zone, la Turquie n’aura plus beaucoup de marge de manœuvre face à la Russie, l’alliée de la Syrie.
Le régime syrien est en train de remporter la bataille territoriale
Pour garder un levier dans la région et éviter un afflux massif de réfugiés vers la Turquie, son Président Erdogan a lancé un ultimatum à la Syrie et la Russie en menaçant d’une intervention militaire : " Le problème d’Erdogan c’est que la Turquie ne maîtrise pas l’espace aérien explique Christian Olsson. Il ne pourra pas mettre à exécution ses menaces, c’est plutôt symbolique. C’est pour mettre la pression, pour ne pas se retrouver à négocier avec la Russie dans une position de perdant. Mais Erdogan est en position de faiblesse ".
L’ambiguë relation Russie-Turquie
Le paradoxe dans ce triangle Russie-Turqui-Syrie, c’est que Moscou ne peut pas non plus froisser la Turquie faute de quoi Ankara pourrait revenir à sa position de 2016 qui était plutôt d’être un allié de l’OTAN. " La Russie a intérêt à bien s’entendre avec la Turquie pour être une épine dans le pied de l’OTAN " analyse Christian Olsson.
Les deux pays se rencontrent la semaine prochaine pour un sommet sur la Syrie à l’invitation de l’Allemagne et la France.
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