4. Le debunking du documentaire
Le débunking (démystification) de "Leaving Neverland" démarre rapidement après la diffusion sur HBO aux Etats-Unis. Premier élément troublant, le témoignage de Brandi Jackson, nièce de Michael Jackson. Le documentaire évoque la manière dont Michael Jackson a détourné ses deux victimes présumées des femmes. Faux selon Brandi Jackson qui raconte sa longue relation amoureuse avec Wade Robson durant la période supposée des abus sexuels. Elle ajoute que Wade Robson, chorégraphe pour Britney Spears et N’Sync est un "menteur" et un "manipulateur", prêt à tout pour réussir dans le monde du spectacle. L'existence de Brandi Jackson n'est jamais mentionnée dans le documentaire.
Wade Robson est le principal acteur discréditant sérieusement, selon les debunkers, le documentaire. En 2005, c’est son témoignage sous serment lors du procès contre Michael Jackson qui parvient à forger l’opinion du jury sur l’innocence de l’artiste. Dès lors, pourquoi changer de versions plusieurs années après? Après la diffusion de Leaving Neverland, une longue déposition de Wade Robson ainsi que celle de sa mère, Joy, datant de 2016 surgissent sur le Net. Ils y accusent Michael Jackson de multiples agressions sexuelles. Mais entre ces dépositions devant la justice et leurs témoignages dans le documentaire, plusieurs affirmations divergent fortement, notamment quant aux dates et aux circonstances des agressions.
A la fin du documentaire, Wade Robson brûle des objets que le spectateur suppose ayant appartenu à Michael Jackson et reçus en cadeaux. Mais rapidement, une maison de ventes aux enchères révèle que les véritables objets n’ont pas été brûlés mais vendus par Wade Robson lui-même.
Taj Jackson, neveu de Michael et membre du groupe 3T, prend la tête des membres de la famille venu contrer les accusations. Dans une interview exclusive à la RTBF, il présente une autre contradiction du documentaire: James Safechuck aurait été agressé sexuellement par son oncle à Paris, alors que tous les deux se rendaient à Disneyland Paris. Mais au moment des faits, Disneyland Paris n’avait pas encore ouvert ses portes.
Taj Jackson rappelle également un fait troublant: Wade Robson, qui ne manquait jamais une occasion de rendre hommage à son mentor Michael Jackson dans la presse a émis les premières accusations d'agressions sexuelles en 2013, après que la troupe du Cirque du Soleil ne l'ait pas choisi en tant que chorégraphe pour le spectacle-hommage à la star.
En 2012, Wade Robson écrit un livre sur sa relation avec la star et les abus présumés, qu'il tente de publier. Mais aucune maison d'édition ne veut l'éditer.
Incohérences de dates, encore, avec l’affaire de la gare du domaine de Neverland, où habitait la star. Cet élément a été longuement abordé par la presse anglo-saxonne, moins chez nous. James Safechuck affirme avoir été violé entre 1988 et 1992 et à plusieurs reprises dans cette gare. Sauf que la gare n’a été érigée qu’après 1992, comme le montre le permis d’urbanisme délivré par les autorités locales ainsi qu’une photo aérienne de l’agence Getty Images. La découverte, faite par le journaliste et biographe américain Mike Smallcombe, ébranle sérieusement l’accusation. Mais pas le réalisateur du film, Dan Reed, qui explique que James Safechuck a peut-être abusé au-delà de 1992.
Dans le documentaire, James Safechuck présente les bagues que Michael Jackson lui offrait régulièrement en échange de relations sexuelles. Cette partie du témoignage a en fait été rajoutée au témoignage initial. Le même plan a été conservé, dans la même pièce, avec les mêmes habits mais à l’arrière-plan, un détail ne trompe pas: le feuillage tantôt fourni, tantôt beaucoup moins. Le réalisateur Dan Reed reconnaît avoir dû tourner un complément plusieurs mois après, dans le même appartement Airbnb loué pour l’occasion.
Wade Robson a été leader du groupe de rap QUO produit par Michael Jackson au milieu des années 90. Cet épisode n’est jamais abordé dans le documentaire.
Enfin, Brett Barnes, dont le nom est cité dans le documentaire, menace de poursuivre en justice le réalisateur et le producteur du film HBO. Pour cause: cet ancien ami de Michael Jackson lorsqu’il était enfant y est présenté comme une victime potentielle. Brett Barnes s’offusque. Depuis, le passage incriminé a été expurgé.
Parmi les journalistes qui ont exprimé leur scepticisme, on peut citer le Britannique Piers Morgan d’ITV ou encore John Ziegler, le premier à avoir interviewé Brandi Jackson.
D’autres témoignages de proches de Michael Jackson sont également diffusés dans les médias, comme celui de son ancienne manageuse qui parle d’un documentaire comme d’une erreur morale, éthique et même juridique. Ils viennent renforcer la défense. Comme celui d’un ancien chef de la sécurité de la star. Celui-ci parle d’un documentaire d’une "absurdité totale". "Nous connaissions le gars, nous le connaissions si bien, il a passé du temps avec mes enfants, ce n’est pas l’homme décrit par James et Wade", a déclaré Matt Fides à Metro. "Toute cette affaire de pédophilie est une absurdité totale. […] Il avait des fiancées et a été marié avec Lisa Marie Presley. C’est de cette manière qu’il a vécu. C’est moi et mes collègues qui étions chargés de lui ramener discrètement des femmes dans sa chambre."
Le FBI diffuse sur Internet, dans la cadre de la loi sur la publicité des actes judiciaires, son enquête sur Michael Jackson, ses comportements, sa proximité avec les enfants. L'enquête de plus de 300 pages conclut que le star n'a jamais eu le moindre comportement suspect.