Un gaz bon marché pourrait accélérer la fin du charbon en Europe

Le terminal gazier de Zeebruges

© KURT DESPLENTER - BELGA

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Par RTBF La Première

Se dirige-t-on vers la fin du charbon en Europe ? Les cours du gaz naturel sont en chute vertigineuse au niveau mondial, à tel point que pour la production d’électricité, ce gaz bon marché pourrait accélérer la sortie définitive du charbon en Europe.

Il y a une surproduction de gaz liquéfié au niveau mondial. Mais l’Europe importe aujourd’hui massivement du gaz liquéfié dont les prix se sont effondrés ces derniers mois. En plus du gaz importé classiquement via des pipelines, les pays européens ont augmenté l’année dernière leurs importations de gaz naturel liquéfié de manière impressionnante.

Hiver clément

Cela s'explique d'abord par une surproduction : des nouveaux sites, de nouvelles usines de liquéfaction de gaz aux États-Unis, en Russie et en Australie, sont entrés en service en 2018 et 2019. Voilà qui contribue à l’abondance de gaz liquéfié. Et par ailleurs il y a une demande moindre en Asie, mais aussi chez nous. L'hiver clément fait qu’on chauffe moins qu’à l’accoutumée. À une période qui est normalement un pic de consommation, et donc aussi un pic pour les prix, on constate un affaissement des prix du gaz plutôt spectaculaire.

Et même si l’évolution des cours des matières premières est à analyser avec prudence, le résultat est qu’en Europe, le gaz est aujourd’hui bien souvent moins cher et donc plus rentable que le charbon, au point que la fin du charbon en Europe est désormais une possibilité à ne pas exclure. C'est ce qu'explique Philippe Van Troeye, patron d’Engie pour le Benelux : "Un gaz naturel qui est bon marché va effectivement favoriser que, pour la production électrique, on va progressivement remplacer le charbon par le gaz, ce qui n’a quand même pas toujours été le cas pendant ces 10 dernières années. On a observé depuis 2008 des périodes très longues où le gaz n’était pas concurrentiel pour produire de l’électricité dans les marchés européens. Donc cela donne le signal que ça va peut-être être possible". En particulier en Allemagne, qui cherche depuis des années à accélérer la fermeture de ses unités de production au charbon. En Belgique il n’y a plus de production de charbon.

Les prix du CO2 en Europe ont quand même plutôt été trop bas pour vraiment permettre une transition du charbon vers le gaz

Il n’y a pas de lien direct, immédiat, entre le cours d’une matière première, comme un combustible fossile, et la facture d’électricité du consommateur. "Même si les marchés sont à la baisse jusqu’à présent, le prix de l’électricité dans un marché comme celui-là a plutôt été fixé par des unités charbon et lignite du marché allemand. Il y a donc le prix du gaz par rapport au charbon qui joue, mais il y a un facteur bien plus important aussi. Si vous voulez aller vers une vraie diminution de l’empreinte environnementale, c’est le coût du CO2 qui doit aussi être intégré par les acteurs dans le prix de l’électricité. Et globalement, les prix du CO2 en Europe, malgré les défis et l’urgence climatique, ont quand même plutôt été trop bas pour vraiment permettre une transition du charbon vers le gaz. Et quand on dit transition, on est sur des prix d’équilibre, donc ça veut dire que l’un égal l’autre, ça ne veut pas dire que la facture pour le client devient plus basse", dit encore Philippe Van Troeye.

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