Procès en destitution: un ex-conseiller ébranle la défense de Trump

Les avocats de Donald Trump reprennent leurs plaidoiries lundi au Sénat dans le procès en destitution, mais leur tâche est compliquée par des affirmations d'un ex-conseiller de la Maison Blanche qui contredit un des arguments-clés de la défense du président américain.

AFP
Procès en destitution: un ex-conseiller ébranle la défense de Trump
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Les avocats de Donald Trump reprennent leurs plaidoiries lundi au Sénat dans le procès en destitution, mais leur tâche est compliquée par des affirmations d'un ex-conseiller de la Maison Blanche qui contredit un des arguments-clés de la défense du président américain.

L'ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton s'apprête à publier un livre dans lequel il affirme que le locataire de la Maison Blanche a bien conditionné l'octroi d'une aide militaire à l'Ukraine à des enquêtes sur ses rivaux politiques, a révélé dimanche soir le New York Times.

Donald Trump a vigoureusement démenti avoir fait de telles confidences à son ancien conseiller, qu'il a limogé en septembre, et a assuré ne pas avoir vu le manuscrit du livre en question.

Le "donnant-donnant" mentionné par John Bolton est au coeur du procès historique en destitution du président républicain, ouvert il y a une semaine au Sénat.

Donald Trump est quasi assuré d'être acquitté puisqu'il faudrait deux tiers des sénateurs (67 voix sur 100) pour le déclarer coupable, un seuil a priori inatteignable. Son opposition démocrate espère toutefois que le procès ternira son image à moins de 300 jours de l'élection présidentielle.

Les démocrates essaient de convaincre au moins quatre des 53 sénateurs républicains de se joindre à eux pour réclamer la convocation de nouveaux témoins, dont John Bolton, ce qui retarderait l'acquittement du président et assombrirait encore sa campagne de réélection.

Ils se sont heurtés jusqu'ici sans exception au refus des sénateurs républicains, mais les dernières révélations ont peut-être fait bouger les lignes.

"Je crois de plus en plus possible que d'autres républicains se joignent à ceux d'entre nous qui pensent que l'on devrait entendre John Bolton", a déclaré lundi le sénateur républicain Mitt Romney.

"Les articles sur le livre de John Bolton (...) ont suscité de nombreuses conversations parmi mes collègues", a renchéri la sénatrice républicaine modérée Susan Collins.

Un "coup monté" politique

Un vote sur la question des témoins devrait intervenir mardi ou mercredi, une fois que les avocats de Donald Trump auront bouclé leurs plaidoiries.

Après une courte introduction samedi, dans laquelle ils ont assuré que le président n'avait "rien fait de mal", ils s'attacheront lundi à partir de la mi-journée à démonter le dossier d'accusation dressé par l'opposition démocrate.

L'ancien magnat de l'immobilier a été mis en accusation le 18 décembre par la Chambre des représentants, aux mains des démocrates, parce qu'il a demandé cet été à son homologue ukrainien une enquête sur Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle du 3 novembre.

Au même moment, la Maison Blanche avait gelé une enveloppe de près de 400 millions de dollars, validée par le Congrès des Etats-Unis, pour aider cet allié en conflit armé avec la Russie.

Pour les démocrates, le président a commis un "abus de pouvoir" en utilisant les moyens de l'Etat afin de faire pression sur Kiev. Une fois "démasqué", il a "entravé" l'enquête du Congrès en interdisant à ses conseillers de coopérer aux investigations, lui reprochent-ils encore.

Donald Trump et ses défenseurs assurent que le président était dans son rôle quand il a demandé à l'Ukraine d'enquêter sur les affaires du fils de Joe Biden, Hunter, dans ce pays corrompu et que le blocage de l'aide n'avait rien à voir avec sa requête.

Il n'y a eu "aucune pression, aucun donnant-donnant", martèlent-ils depuis des mois, en présentant le président comme la victime d'un "coup monté" politique.

"JAMAIS"

Dans son manuscrit, John Bolton écrit pourtant que le président lui avait confié ne pas vouloir débloquer l'aide promise à l'Ukraine tant que ce pays n'ouvrirait pas d'enquête sur Joe Biden.

"JE N'AI JAMAIS dit à John Bolton que l'aide à l'Ukraine était liée à des enquêtes sur des démocrates, dont les Biden", a tweeté l'impétueux président, accusant son ancien conseiller de surtout chercher à "vendre un livre".

"Un nouveau pan de la défense du président s'effondre", a pour sa part jugé sur CNN l'élu de la Chambre des représentants Adam Schiff, en réclamant à nouveau la convocation de John Bolton, qui s'est dit prêt à se présenter devant le Sénat s'il recevait une assignation.

"Je ne sais pas comment on peut dire vouloir la vérité dans ce procès et refuser d'entendre un témoin qui a eu une conversation directe sur le sujet au coeur de l'acte d'accusation", a lancé le "procureur en chef" démocrate.

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