Chroniques

FGTB, PTB, les raisins de la colère

FGTB, PTB les raisins de la colère

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Par Bertrand Henne - Les coulisses du pouvoir

Un an et un mois sans gouvernement. La rue va-t-elle se réveiller ?

En tout cas la FGTB organise une manifestation pour défendre la sécu ce mardi. Le PTB organise une marche de la colère le 1er mars. On se souviendra qu’en 2011, la longueur de la crise avait débouché sur des manifestations "spontanées" de colère contre la classe politique. Drapeaux Belges aux fenêtres, il y a pile 9 ans, 30.000 personnes bravaient les rues de Bruxelles pour une marche de la "honte".

Ce n’était pas clair un état pré-insurrectionnel, la prise du palais d’Hiver, mais quand même cela avait pesé sur le climat des négociations. A la marge. La "manifestation de la honte" a eu lieu après 224 jours, il en a fallu 541 pour résoudre la crise.

Il faut dire que ces mobilisations étaient surtout francophones (et en particulier bruxelloises) et ne contredisaient pas le clivage nord-sud. C’est la première raison. Deuxième problème, ces manifestants étaient dans la dénonciation, mais n’apportaient aucune solution.

Apathie

A l’inverse de 2011 côté francophone, c’est plutôt l’apathie qui règne. Pas de drapeaux belges aux fenêtres, pas de Benoit Poelvoorde qui annonce qu’il ne se rasera plus tant qu’il n’y aura pas de gouvernement. Le ras-le-bol est sans doute toujours bien présent, mais l’expression du ras-le-bol en tous les cas est absente.

Du coup la FGTB manifeste demain sur un point bien précis : la défense de la sécu. Pour son financement et contre sa régionalisation. Dans le contexte de vide du pouvoir, et alors que le Roi doit mettre fin à la mission Coens-Bouchez, l’ampleur de la mobilisation sera évidemment scrutée. Ajoutons que cette année est une année d’élection sociale. La FGTB manifeste seule, sans avoir invité la CSC.

La grande colère du PTB

Et puis il y a le PTB qui mobilise à la fin du mois avec une "journée de la grande colère". L’appel que l’on peut trouver sur le site web du parti est bien peu marxiste. Il n’est même pas gauchiste, ni même assez peu politique.

On en a marre. Des politiciens qui se regardent le nombril plutôt que de s’occuper des besoins sociaux. Des politiciens qui veulent diviser le pays au lieu de travailler ensemble.

Pour rappel, le PTB dispose de 12 sièges. Soit, on le sait peu, autant que le CD&V, autant que le VLD qui sont au centre du jeu. Du coup pourquoi le PTB se regarde-t-il le nombril au lieu de travailler ensemble avec le CD&V, la N-VA ou même le Belang ?

Ce qu’on perçoit. C’est qu’avec cette marche et son slogan, le PTB nie la profondeur du clivage socio-économique qui existe entre les partis et entre nord et sud. En particulier entre PS et N-VA. Le PTB réduit les enjeux "politiques" à des enjeux "politiciens", il dépolitise la crise.

En 2010, deux ans après la crise bancaire, le blocage s’est joué autour des questions institutionnelles et de BHV. Le décalage était patent. Aujourd’hui c’est bien différent. Ce que nous vivons démontre que les fractures de la société belge sont plus profondes qu’alors. Ce que nous vivons démontre justement que tous les partis ne sont pas faits du même moule et que le problème est beaucoup plus profond que celui "des petits jeux de pouvoirs" que dénonce le PTB. S’il n’y avait pas de divergences de fond, la crise serait réglée depuis longtemps.

Le PTB retrouve les accents de sa campagne de 2009, celle ou il a commencé à s’imposer, celle où il dénonçait le "cirque politique" en affublant les principaux leaders politiques de Nez Rouges. Cette campagne où il a abandonné la logorrhée Marxiste pour dénoncer l’élite coupée de la réalité. Cette campagne où il assumait une forme de “populisme de gauche”. Depuis le PTB a évolué dans la construction de son discours en re-devenant plus politique et en évitant de fourrer tout le monde dans le même sac. Mais le retour aux sources semble tentant.

Cette crise est donc aussi un test pour le PTB. Le parti a de plus en plus de militants, est en forme électoralement. Comment faire pour continuer à croître ? Doit-il assumer une forme de social-démocratie radicale ce qui implique de la responsabilisation face aux enjeux ? Ou rester fidèle au populisme de gauche ?

 

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