Décès de Robby Rensenbrink: manger était devenu un calvaire
La DH a rendu visite à Rensenbrink, fortement amaigri, en juillet 2019. “Je ne me sens pas vraiment malade”, répétait-il. Même s’il ne pesait plus que 54 kilos quand nous lui avons rendu visite pour la dernière fois – le 1er juillet de l’année passée, à l’occasion de son 72e anniversaire – Robby Rensenbrink était toujours aussi charmant et accueillant. Il était de plus en plus maigre et tremblait fortement, mais n’avait pas perdu son sourire.
- Publié le 25-01-2020 à 23h58
- Mis à jour le 26-01-2020 à 11h40
La DH a rendu visite à Rensenbrink, fortement amaigri, en juillet 2019. “Je ne me sens pas vraiment malade”, répétait-il.
Même s’il ne pesait plus que 54 kilos quand nous lui avons rendu visite pour la dernière fois – le 1er juillet de l’année passée, à l’occasion de son 72e anniversaire – Robby Rensenbrink était toujours aussi charmant et accueillant. Il était de plus en plus maigre et tremblait fortement, mais n’avait pas perdu son sourire.
Il savait que sa maladie était chronique et incurable, et n’était pas gêné d’aborder le sujet. “Je n’ai plus d’appétit”, nous disait-il. “Les médecins me donnent des suppléments, mais c’est dégueulasse. Ma femme m’oblige à manger. Un morceau de steak ou une spécialité chinoise, cela va encore. Mais je dois me forcer. Que faire quand on ne parvient pas à avaler sa nourriture ? Je n’ai pas faim… Je bois beaucoup de café et je fume un paquet de cigarettes par jour… À l’extérieur, comme le souhaite Corry… (rires)”.
Sur le terrain, Rensenbrink parvenait toujours à trouver une solution quand il était dans les embarras. Il est sans doute le meilleur dribbleur de l’histoire de notre championnat. Face à sa maladie, par contre, il était impuissant. “Ils n’ont toujours pas trouvé de médicament !”, s’indignait-il en parlant de la médecine. “Donc, je ne dois pas aller souvent à l’hôpital. Deux fois par an, c’est suffisant. Les médecins ne savent pas dire comment je vais évoluer et si j’en ai encore pour longtemps, la maladie est trop inconnue.”
Sa maladie a été découverte il y a cinq ans et demi. L’AMP est une variante de la SLA (sclérose latérale amytrophique) et entraîne une dégénérescence des muscles et, à terme, la paralysie. Lors de chacune de nos visites, Rensenbrink répétait : “Je ne me sens pas vraiment malade. Mais ce qui est embêtant, surtout au restaurant, par exemple, c’est que mes doigts se retournent soudainement.”
En septembre 2015, l’année où il a appris qu’il était atteint par cette maladie assez inconnue, il nous avait parlé de la mort. “Je n’ai pas peur de la mort, mais j’aimerais vivre encore quelques années”, nous avait-il confié. “Il y a des gens qui vivent encore 20 ans avec cette maladie. Mais si c’est pour devoir me déplacer en chaise roulante ou pour devoir vivre dans une maison de repos et de soins : non merci.”
Une exceptionnelle carte de visite
Ses clubs : DWS Amsterdam (1965-1969), Club Bruges KV (1969-1971), RSC Anderlecht (1971-1980), Portland Timbers (1980), Toulouse FC (1981).
Ses titres en clubs : 5 Coupes de Belgique (1970, 1972, 1973, 1975 et 1976), 2 championnats de Belgique (1972 et 1974), 2 Coupes d’Europe des vainqueurs de coupe (1976 et 1978), 2 Supercoupes de l’UEFA (1976 et 1978), 1 championnat de France de D2 (1982).
Sa carrière en équipe nationale néerlandaise : 46 sélections, 14 buts, finaliste des Coupes du Monde 1974 et 1978.
Ses titres individuels : meilleur buteur du championnat de Belgique 1973, second du ballon d’or 1976 derrière Franz Beckenbauer, Soulier d’or 1976, élu en 2007 meilleur joueur étranger ayant joué dans le championnat de Belgique de football, élu en 2008, à l’occasion du centenaire du club, meilleur joueur de l’histoire du Royal Sporting Club d’Anderlecht devant Paul Van Himst.
Jan Mulder : “Il était dans le coma, sa femme m’a déconseillé de venir le voir”
Jan Mulder, cette autre icône néerlandaise d’Anderlecht, n’a joué qu’une saison avec Rensenbrink. Mais les deux sont restés amis. Mulder était dans le studio de Play Sports pendant Gand – Genk quand il a appris le décès de Robby. “Et dire que je comptais lui rendre visite ce midi (NdlR : samedi). Mais hier, son épouse Corrie m’a dit que cela ne valait plus la peine. Il était dans le coma. C’est bizarre, mais c’est peut-être mieux comme cela, parce que c’était devenu trop pénible. Il ne mangeait plus et avait de moins en moins de muscles. Je lui ai parlé le mois passé. Il était encore souriant, alors qu’il souffrait.”
Mulder n’oubliera jamais le footballeur Rensenbrink. “Il avait un terrible slalom dans les jambes. Quelle élégance ! Il était un buteur qui évoluait sur le flanc. Une sorte d’Arjen Robben avant la lettre. Mais malgré son talent, il restait modeste. Après un but, c’était difficile de l’embrasser, parce qu’il retournait directement vers sa moitié de terrain.”