Stop béton: la Wallonie prévoit trente ans pour mettre fin à l’étalement urbain
Chaque année, 12 km2 de terrains wallons sont bétonnés. Pour mettre fin à l’étalement urbain ou, pour le dire autrement, pratiquer le "stop béton", le gouvernement wallon actuel (PS-MR-Écolo) sait cependant qu’il ne peut pas brusquer les choses. Il doit donc phaser son action et la faire porter en partie par les exécutifs qui lui succéderont.
- Publié le 24-01-2020 à 20h52
- Mis à jour le 24-01-2020 à 20h58
Chaque année, 12 km2 de terrains wallons sont bétonnés.
Malgré la volonté affichée de lutter contre l’étalement urbain ces dix dernières années par les gouvernements régionaux successifs, la nature recule encore en Wallonie - mais à un rythme moins élevé. De plus en plus, les routes reliant les villages wallons voient pousser des maisons quatre façades sur d’anciennes terres agricoles. Avec pour conséquences, des coûts supplémentaires pour les collectivités : réseau d’égouts, lignes de bus, raccordement au gaz et à l’électricité, etc.
Pour mettre fin à l’étalement urbain ou, pour le dire autrement, pratiquer le "stop béton", le gouvernement wallon actuel (PS-MR-Écolo) sait cependant qu’il ne peut pas brusquer les choses. Il doit donc phaser son action et la faire porter en partie par les exécutifs qui lui succéderont.
Deux textes
Le ministre wallon en charge notamment de l’Aménagement du territoire, Willy Borsus (MR), est tenu par deux textes. Le SDT (schéma de développement territorial), tout d’abord, qui précise qu’à l’heure actuelle, l’urbanisation en Wallonie ou l’artificialisation des terrains atteint chaque année 12 km2. L’objectif est de faire diminuer ce chiffre pour arriver à 6 km2 en 2030 et à 0 km2 en 2050.
Selon l’Iweps (Institut wallon de prospective), "on entend par terrain artificialisé toute surface retirée de son état naturel (friche, prairie naturelle, zone humide etc.), forestier ou agricole, qu’elle soit bâtie ou non et qu’elle soit revêtue (exemple : parking) ou non (exemple : jardin de maison pavillonnaire). Les surfaces artificialisées incluent donc également les espaces artificialisés non bâtis (espaces verts urbains, équipements sportifs et de loisirs etc.) et peuvent se situer hors des aires urbaines, à la périphérie de villes de moindre importance voire de villages, à proximité des dessertes du réseau d’infrastructures, ou encore en pleine campagne".
Le second texte qui doit guider l’action du ministre wallon est la Déclaration de politique régionale (DPR).
Un groupe de travail doit bientôt être désigné. Des conclusions de leurs travaux, le gouvernement devra, ensuite, mettre en œuvre les mesures nécessaires. Il est évident que le gouvernement wallon sera contraint de proposer des solutions qui tiennent compte, notamment, de l’évolution démographique de la population wallonne.
"Il faut reconstruire la ville sur la ville", entend-on souvent. Cette phrase peut être transposée aux villages. En effet, il sera nécessaire de tenir compte, plus que par le passé, des espaces bâtis ou non bâtis disponibles dans les centres urbains et dans les centres villageois.
En agissant de la sorte, le gouvernement wallon entend aussi préserver les terres agricoles et restaurer la biodiversité.
Les sites industriels
Dans le même ordre d’idée, un coup d’accélérateur devrait être mis sur les anciens sites industriels. Avec la prochaine programmation Feder (subsides européens), il s’agira de consacrer une grande partie des moyens à des projets de développement urbain et économique sur ces anciens sites industriels. Une autre partie de ces moyens sera consacrée à des projets de rénovation de quartiers.
Afin d’aider les villes et communes wallonnes à prendre le pli de cette nouvelle vision de l’aménagement du territoire, le gouvernement entend aussi simplifier de nombreuses démarches administratives en lien avec l’urbanisme. Il envisage aussi de remplacer les plans de secteurs - ces cartes, au nombre de 23 en Wallonie, qui reprennent toutes les parcelles de terrain, ont été réalisées entre 1977 et 1987 - ou de les actualiser en débutant par les plus anciens.