Bart De Wever nommé informateur ? La piste se renforce
- Publié le 21-01-2020 à 18h07
- Mis à jour le 26-01-2020 à 16h55
Cette semaine sera décisive, laissent entendre quelques négociateurs fédéraux.
Dans quelques jours, on verra si le scénario d’une majorité entre la N-VA et le PS est possible ou pas. Mardi prochain, les informateurs Georges-Louis Bouchez et Joachim Coens se rendront au Palais pour présenter au Roi leur rapport de mission. Un processus de préformation pour une coalition Vivaldi (un gouvernement sans la N-VA) pourra-t-il être enclenché ? Il est trop tôt pour le dire. En Belgique, la réalité politique peut changer d’un jour à l’autre… Plusieurs sources estiment, en effet, que la N-VA pourrait reprendre la main mardi prochain. Depuis les élections, Bart De Wever, le président des nationalistes flamands, n’a pas dû assumer de mission royale. Quelle que soit la piste de majorité qui sera finalement retenue, pour beaucoup au sein de la classe politique flamande, il est impensable que le Palais saute la case “De Wever”. Il a pourtant de l’expérience : en 2010, lors de la crise politique qui avait précédé la constitution du gouvernement Di Rupo et en 2014, avant la mise en place de la “suédoise”, Bart De Wever avait été désigné informateur royal.
En particulier, le CD&V rappelle depuis plusieurs semaines son exigence : mettre le chef des nationalistes aux commandes afin qu’il tente lui-même de concilier les points de vue. Une mission de préformation avait été confiée à Geert Bourgeois (N-VA) et à Rudy Demotte (PS) mais, après huit mois de palabres, Bart De Wever n’a jamais été exposé directement. Le 10 décembre, quelques jours après avoir été élu à la tête du CD&V, Joachim Coens avait été très clair à ce sujet : “Il est important que le plus grand parti de Flandre se retrouve impliqué d’une manière ou d’une autre dans les négociations”, avait-il déclaré.
Le CD&V n’en démord pas
Il rejoignait les propos de Koen Geens, vice-Premier ministre CD&V et négociateur fédéral, qui s’était prononcé en faveur d’une mission d’information confiée à un duo composé de Paul Magnette, le président du PS, et du leader nationaliste. “Ce dont je voudrais convaincre les francophones, c’est que la N-VA est aussi incontournable pour les partis néerlandophones que le PS l’est pour l’instant pour les partis francophones”, avait expliqué Koen Geens.
La ligne du CD&V n’a plus bougé d’un millimètre depuis ces déclarations : il faut réconcilier le PS et la N-VA. Ce mardi matin, le chef de groupe des démocrates-chrétiens à la Chambre l’a affirmé une fois encore. “S’il y a une chose claire, c’est que la ligne du CD&V est la même depuis huit mois : il faut un soutien le plus grand possible au nord et au sud du pays, et le plus facile sera de rassembler les deux plus grandes formations (PS et N-VA), a déclaré Servais Verherstraeten sur les ondes de la VRT.
De son côté, le président de la N-VA s’est dit prêt à se voir confier une mission officielle. Lors des vœux de sa formation politique, le samedi 11 janvier, il a assuré être “toujours prêt à assumer ses responsabilités”. Pour lui, il est impensable que le futur gouvernement fédéral soit composé d’une aile flamande qui serait minoritaire et, pour éviter cela, la présence de la N-VA au pouvoir est nécessaire. Pour conclure son discours, Bart De Wever avait alors opéré un “virage social” destiné à plaire au camp socialiste en insistant sur sa volonté de relever le montant des petites pensions.
La stratégie du pourrissement
Le problème, c’est que la sincérité de la démarche en apparence constructive du président de la N-VA est remise en question par plusieurs acteurs politiques. Bart De Wever est suspecté de vouloir faire traîner encore un peu plus les discussions fédérales afin que cette paralysie conduise d’elle-même à une réforme institutionnelle de nature confédéraliste. “Le stratagème des nationalistes flamands, c’est le pourrissement, a lancé lundi Elio Di Rupo, l’ancien président du PS et ministre-Président wallon. La N-VA essaie de démontrer que le niveau fédéral de notre pays est ingérable.”
Certaines sources estiment également que le chef de la N-VA veut plonger les libéraux flamands dans l’embarras. En mars, il y a des élections présidentielles à l’Open VLD. Si Bart De Wever était alors en position d’obliger ce parti rival de la N-VA à choisir entre une majorité Vivaldi et un accord de gouvernement plus à droite sur le plan économique, cela pourrait encore un peu plus le diviser et l’affaiblir.