Alex Vizorek : "En termes d’humour, la Belgique est la France d’il y a 10 ans"
Alex Vizorek, le plus français des humoristes belges, officie sur France Inter depuis 2012. Il évoque la situation de l’humour chez nos voisins.
- Publié le 18-01-2020 à 12h02
- Mis à jour le 19-01-2020 à 11h59
Alex Vizorek, le plus français des humoristes belges, officie sur France Inter depuis 2012. Il évoque la situation de l’humour chez nos voisins.
" En termes d’humour, la Belgique a toujours été la France d’il y a 10 ans", souligne notre compatriote Alex Vizorek qui écoutait Sophia Aram et Stéphane Guillon avant de, lui-même, débarquer sur l’une des stations phares du paysage radiophonique hexagonal, France Inter. "J’ai profité du fait que la RTBF avait commencé à tester des humoristes dans les matinales. C’est arrivé bien après la France quand un jour, le service public a eu l’idée de mettre Thomas Gunzig dans le Café serré , sur la Première. C’était une révolution car ce n’était pas vraiment un humoriste. Il y avait plutôt ce côté chic d’avoir un écrivain qui faisait des chroniques. La même année, les Enfants de chœur sont arrivés en radio, ainsi que Jérôme de Warzée avec le Cactus ."
En pleine écriture de son second spectacle, le Bruxellois confirme qu’un humoriste est vecteur d’audience sur les ondes françaises et qu’il occupe une place stratégique dans les grilles. "Le moment le plus écouté sur France Inter est le journal de 8 heures du matin", dit-il . "Ils ont mis notre humoriste belge Charline Vanhoenacker juste avant. Si certains journalistes prônent l’importance de l’interview politique, au final, ce que les gens échangent, ce qui les fait marrer en arrivant au bureau ou ce qui tourne sur les réseaux, ce sont les vannes des humoristes qu’ils ont écoutés le matin. C’est pourquoi nous devons faire équipe avec le présentateur vedette ! Et les politiciens invités connaissent aussi l’importance des humoristes."
La matinale n’est cependant pas la seule tranche à miser sur le rire pour être écoutée. "Pour redynamiser celle de 17 heures dédiée au Grand entretien auparavant, France Inter m’y a propulsé avec Charline Vanhoenacker. En radio, l’espace humoristique est donc clairement stratégique avec cet horaire du retour des bureaux. Sans oublier qu’elle est aujourd’hui filmée. Beaucoup de ce qui s’y fait est repris sur les réseaux sociaux."
De manière générale, le comédien de 38 ans remarque que "les cases humour ne font que s’accroître" en France. Parce qu’elles sont systématiquement synonymes de fortes audiences ? "En radio, sans doute un peu… Mais en télé, ça ne croule pas sous les boost", commente le Belge qui est passé par C à vous avant de rejoindre Thierry Ardisson dans Salut les Terriens. M ême si un gars comme Laurent Gerra, lorsqu’il passait chez Drucker ou RTL, faisait la différence."
Plus de place peut-être mais pour un humour plus lisse. Alex Vizorek le reconnaît : il y a désormais très peu d’humour engagé à la télévision. "Il n’y a plus les Guignols ni les Muppets… Le seul qu’il reste est Groland. V oire Les Grosses Têtes , mais c’est une émission radio qui est passée en télé." Aujourd’hui, il en est convaincu et rejoint Vincent Taloche : la télé est nettement plus frileuse que la radio. "Je ne sais pas bien pourquoi parce que cette dernière est filmée, mais la télévision reste le média de référence. Les politiques sont d’ailleurs toujours persuadés qu’elle est plus susceptible de faire trembler la démocratie. Pourtant, la radio est plus malléable et plus libre car quasiment toujours en direct. Sur le petit écran, il n’y en a presque plus."