Quand on parle de contraception, on parle souvent de contraception féminine. Pilule, stérilet, implant, patch : des méthodes existent pour les femmes. Mais pour les hommes, le choix est particulièrement restreint. Si l’on entend souvent parler de nouvelles méthodes à l’étude, comme une injection masculine développée en Inde, aucune de ces nouveautés n’est encore disponible sur le marché belge. Alors certains hommes ont décidé de s’organiser, et d’inventer de nouvelles solutions par eux-mêmes.
Pourquoi si peu de choix ?
Selon une enquête Solidaris menée sur 4600 personnes en 2017, 69% des femmes utiliseraient un moyen de contraception en Belgique, contre 34% des hommes. Parmi ces hommes, 60% citent le préservatif comme moyen utilisé. Mais aujourd’hui, un changement semble se profiler peu à peu. Et la contraception devient, dans certains couples, une responsabilité partagée. Au CHU Saint-Pierre, à Bruxelles, le spécialiste en fertilité masculine Daniel Murillo en est témoin : de plus en plus d’hommes recherchent des moyens de contraception efficaces et réversibles. Problème : le spécialiste n’a pas grand-chose à proposer à ses patients : "Il n’existe pas grand-chose… À part le recours au préservatif, que tout le monde connaît, et la contraception définitive qui est la vasectomie. On peut proposer aussi une injection hormonale trimestrielle, mais qui coûte 120 euros par injection sans remboursement."
Pourquoi si peu de choix ? "Et bien il y a plusieurs freins", explique Daniel Murillo. "D’abord, il y a eu le mouvement féministe dans les années 60, l’émancipation féminine et le contrôle de la fertilité. On a fait des études sur la contraception féminine. La première pilule a été commercialisée à ce moment-là. Et dans le même temps, il y avait aussi des pistes masculines mais qui ont été dirigées vers la contraception définitive, donc la vasectomie. D’autres pistes ont été explorées mais n’ont pas été jusqu’au développement complet du produit mis sur le marché, notamment par manque d’intérêt des entreprises pharmaceutiques qui n’y voient pas d’intérêt commercial évident".