L’architecte d’itsme, c'est lui, Kris De Ryck
LIBRE ECO WEEK-END | FACE & PROFIL Kris De Ryck a plusieurs projets à son actif, dont celui de l’application itsme.
- Publié le 17-01-2020 à 15h27
- Mis à jour le 27-01-2020 à 12h18
Kris De Ryck a plusieurs projets à son actif, dont celui de l’application itsme.
En 2019, un Belge sur cinq a utilisé l’application itsme. Un chiffre interpellant. Car cette application n’existait pas en 2016. Trois ans plus tard, elle est présentée comme la "référence sûre et facile en identification mobile".
Derrière cette croissance fulgurante, il y a une équipe d’une vingtaine de personnes dirigée par Kris De Ryck, un homme de 52 ans arrivé à ce poste grâce à ses qualités de bâtisseur de projets.
Au départ, rien ne le destine à être là où il est aujourd’hui. Avec un père qui gère sa société de comptabilité du côté d’Aarschot dans le Brabant flamand, Kris De Ryck a certes baigné dans les chiffres. Mais, après ses études secondaires, il préfère se lancer dans des études d’ingénieur civil-architecte. Des études qu’il choisit car elles combinent les mondes de la créativité et des chiffres. Il passe ses 15 premières années professionnelles dans le secteur de la construction. Il construit des bâtiments, à défaut de ponts comme il en rêvait. "C’est tellement pur, un pont."
Il parle des bâtiments comme d’un être humain. "C’est quelque chose de très physique. Pour le construire, il faut aller 20 mètres sous terre. C’est intéressant. On ne peut pas se permettre des erreurs. Un bâtiment ne laisse jamais indifférent, soit les gens l’aiment, soit ils le détestent."
"Une vision neutre"
Après 15 ans dans le secteur de l’ingénierie, Kris De Ryck change de cap en entrant chez KBC où il est en charge du projet Sepa (espace de paiement en euro mis en place par les banques membres du Conseil européen des paiements). Le bancassureur "voulait recruter des gens qui n’avaient pas d’expérience dans les paiements, qui avaient une vision neutre", explique Kris De Ryck. Le bancassureur a choisi quelqu’un doté d’une expérience dans la gestion de projets. Où "il y a deux approches différentes", estime Kris De Ryck. Il y a ceux qui ne veulent pas dévier de la ligne imprimée au départ. Et ceux qui préfèrent, si cela s’avère nécessaire, rectifier le tir suffisamment tôt, quand cela ne coûte (presque) rien de le faire. Kris De Ryck fait partie de cette deuxième catégorie. "Il faut toujours se demander si on livre la meilleure des solutions."
Le voilà donc plongé dans le monde du paiement, grâce à sa capacité à faire travailler une équipe, à faire sortir de terre des projets. Après la vente de Banksys au groupe français Atos, restent Bancontact et Proton, qui sont logés dans une nouvelle société. De KBC, il passe à la société de paiement Bancontact, dont les banques belges sont actionnaires. "Bancontact est un produit check out, qui clôture une transaction. Itsme est un produit check in, qui permet d’initier une relation", explique Kris De Ryck. Traduction pour les non-initiés : le check out permet la réalisation d’un paiement, le check in correspond à l’identification.
Premiers contacts en 2016
Ce qui nous amène à itsme, un projet du consortium Belgian Mobile ID mis sur pied par les 4 grandes banques belges (Belfius, BNPP Paribas Fortis, ING, KBC) et les trois grandes sociétés télécoms (Proximus, Telenet et Orange). Les premiers contacts remontent à 2016. "Cela prend dix-huit mois pour créer le produit et l’écosystème", raconte Kris De Ryck.
Une étape clé est franchie quand itsme est reconnue, en janvier 2018, comme moyen d’identification auprès des services publics belges en ligne. Plus besoin dès lors d’une carte eID et d’un lecteur de carte pour se connecter. Depuis ce moment, il suffit d’avoir un compte Itsme pour remplir sa déclaration d’impôt.
A entendre Kris De Ryck, itsme pourrait être décliné à l’infini dans un monde qui est de plus en plus envahi par des objets connectés. Cela va de la porte d’entrée à la webcam, en passant par le drone, qui pourront être mis en route et identifiés à partir d’itsme, et cela en toute sécurité. "Itsme est traité pour donner ce type d’accès, pour faciliter la digitalisation des différents services. C’est ce que nous voulons développer", explique le CEO. Et ce sont souvent les partenaires qui viennent avec des idées à concrétiser. "La créativité se trouve chez eux."
Kris De Ryck a pour ambition de donner une dimension internationale au projet, le Grand-Duché de Luxembourg servant actuellement de laboratoire. "L’avantage, c’est que c’est un petit pays européen." Par ailleurs itsme a également conclu un partenariat avec Microsoft et Adobe. Ou quand un petit Poucet belge côtoie les grands noms du monde du numérique.