Les enfants reclus dans une ferme aux Pays-Bas meurtris: “Comme si nous avions fait quelque chose de mal”

Dans l’émission Op1, les enfants qui ont vécu loin du monde durant des années ont expliqué être heurtés par le livre écrit par deux auteurs néerlandais sur base d’historiques de conversations de leur père, Gerrit Jan van D., et du dossier pénal que le journal De Telegraaf avait eu en sa possession. “Nous avons essayé de pénétrer l’âme de Gerrit Jan van D. Et cela n’a pas été compliqué au vu de tous les éléments en notre possession”, écrit ainsi Silvan Schoonhoven. 

Ce n’est que sur le plateau du programme télévisé que les écrivains ont appris que les enfants victimes et sujets de leur livre avaient formulé une réaction à l'ouvrage. Celle-ci leur a été lue en direct: “Nous sommes très blessés par la manière dont il a été fait usage de nos informations pour rédiger un livre”, énonce notamment la déclaration des “enfants”. “Cela nous nuit encore plus alors que la situation est déjà très difficile, surtout parce que beaucoup de choses que nous avons lues sont très loin de la vérité. Cela nous blesse que le titre évoque une famille sordide, comme si nous avions nous-mêmes fait quelque chose de mal”, reprochent-ils. Les jeunes séquestrés remercient par contre les médias “pour leur respect de notre anonymat alors que nous sommes actuellement si vulnérables”.

Les victimes mettent également en doute la méthodologie des deux journalistes qui ont rédigé le livre. “Car contrairement à ce que prétendent les écrivains, aucun des deux ne nous a contactés pour réagir à leur travail”, déplorent-ils notamment. Les deux journalistes prétendent eux qu'il y a bel et bien eu une démarche de prise de contact envers les enfants de Gerrit Jan van D. dans les premiers stades de rédaction, et qu’ils ont même hésité à apporter leur témoignage dans le livre. Ils auraient finalement, toujours selon les journalistes, choisi de leur préférer une collaboration avec Jessica Villerius, qui réalise un documentaire sur leur histoire. 

L’avocat du suspect Gerrit Jan van D., 67 ans, a de son côté affirmé envisager d’introduire une plainte contre la parution du livre “Spookhoeve Ruinerwold”. Le but? Le faire interdire. “Ce livre est basé sur des informations totalement fausses et est nuisible pour mon client”, a ainsi résumé Me Robert Snorn. 

Hier, le Ministère public a exprimé son mécontentement sur l’ouvrage à paraître. “Nous n’avons même pas eu la chance d’en lire un aperçu ou de réagir à son contenu. Cela ne nous a donc pas permis d’avertir les auteurs des conséquences potentiellement défavorables pour les personnes impliquées, qu’il s’agisse des enfants du suspect ou du suspect lui-même, mais aussi sur l’enquête encore en cours”, a regretté l’institution. Les fuites mises en évidence par le livre pourraient également vicier le bon déroulement du procès.

Mardi prochain aura lieu la première audience publique des deux suspects. Gerrit Jan van D. ne sera très probablement pas présent, contrairement à son présumé complice, l’Autrichien Josef B.