"Uber fonctionne sur un mensonge depuis cinq ans"
- Publié le 16-01-2020 à 17h36
- Mis à jour le 16-01-2020 à 20h39
Selon les taxis, le géant américain a trompé son monde avec une association inexistante.
Les utilisateurs de la plateforme Uber s’en sont sans doute rendu compte. Depuis fin novembre, on leur demande d’être membre d’une association de droit belge pour pouvoir commander une course en voiture. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que cette association a été créée “en catastrophe” par les avocats du géant américain pour permettre à Uber de pouvoir continuer à opérer à Bruxelles. C’est du moins ce qu’affirment les avocats de la Fédération belge des Taxis (Febet) qui ont intenté une action en justice, en appel, contre huit chauffeurs Uber pour concurrence déloyale.
Un procès reporté à l’automne
Le procès devait débuter ce jeudi, mais, à la surprise générale, la présidente de la cour d’appel de Bruxelles a décidé de le reporter. Les plaidoiries ne sont désormais pas attendues avant septembre au plus tôt. “Uber a utilisé un subterfuge scandaleux pour faire à nouveau traîner l’affaire”, s’insurge Sam Bouchal, le président de la Febet.
Rétroactes : le 18 novembre dernier, les avocats de la fédération belge des taxis envoient leurs dernières conclusions en vue du procès. Ces derniers sont très confiants. “Ils ont découvert quelque chose d’énorme : l’association de droit néerlandaise – sur laquelle repose tout l’argument d’Uber pour ne pas devoir respecter les réglementations sur les taxis et les limousines – n’existe pas. Elle n’a aucune existence juridique”, développe le président de la Febet.
Cette association, à laquelle devenait membre chaque utilisateur d’Uber, permettait au géant américain de ne pas être considéré comme une société de transports. “Vu que cette association n’a jamais existé, Uber a fonctionné sur un mensonge depuis cinq ans à Bruxelles”, accuse Sam Bouchal. “Je ne comprends pas comment la juge, qui a repris tout l’argumentaire d’Uber il y a un an, n’a même pas demandé un devoir d’enquêtes sur cette association néerlandaise. C’est incompréhensible.”
Mais les avocats d’Uber réagissent très rapidement. “Le 21 novembre, ils ont créé, en catastrophe, une association de droit belge en obligeant les utilisateurs et les chauffeurs d’Uber de s’y inscrire”, explique M. Bouchal. L’association sans but lucratif est dénommée “Belgian Platform Rider Association”. Son but est “de créer et de gérer une communauté de membres adhérents intéressés par l’amélioration de la mobilité et la sécurité routière en Belgique […] ainsi qu’à la création et la promotion d’une alternative à la possession d’un véhicule à moteur.”
“Le bain de sang social est chez les chauffeurs de taxis”
Cette nouvelle donne chamboule donc totalement le procès. “Mais nous continuons à vouloir interdire Uber à Bruxelles, soutient M. Bouchal. Cela me fait sourire quand ils parlent de bain de sang social chez leurs chauffeurs en cas d’arrêt de leurs activités. Comme si Uber en avait quelque chose à faire du social. Le bain de sang social a lieu chez les chauffeurs de taxis depuis l’arrivée d’Uber. Certains sont obligés de travailler jusqu’à 14 heures par jour pour pouvoir boucler leur fin de mois.” Et le président de la Febet d’assurer que si Uber devait arrêter demain à Bruxelles, “nous pouvons engager 600 de leurs chauffeurs chez les taxis.” Contacté par nos soins, Uber n’a pas donné suite à nos questions.