Edito: Trump, du miracle aux mirages
Un édito de François Mathieu. Aucun doute à avoir ! À quelques encablures de l’élection présidentielle, le bilan économique de Donald Trump sera servi à toutes les sauces. Le pays est proche du plein-emploi. Et la croissance du PIB, autre indicateur clé pour mesurer la santé d’une économie, est, elle aussi, de bonne tenue (plus de 2 %). Circulez, il n’y a plus rien à voir ? Non.
- Publié le 16-01-2020 à 06h46
- Mis à jour le 16-01-2020 à 16h24
Un édito de François Mathieu.
Aucun doute à avoir ! À quelques encablures de l’élection présidentielle, le bilan économique de Donald Trump sera servi à toutes les sauces. Lui-même ne manque déjà pas de bomber le torse pour se faire réélire. De prime abord, le bilan semble plutôt bon, c’est vrai. Le taux de chômage (3,6 %) n’a jamais été aussi bas depuis 50 ans. Le pays est proche du plein-emploi. Et la croissance du PIB, autre indicateur clé pour mesurer la santé d’une économie, est, elle aussi, de bonne tenue (plus de 2 %). Circulez, il n’y a plus rien à voir ? Non. L’électeur sera très certainement attentif à une triple réalité de nature à nuancer ce bilan.
Tout d’abord, le déficit public américain a explosé, à plus de 6 % du PIB. Du jamais-vu ou presque outre-Atlantique, surtout en période de croissance économique. Pour le dire autrement, cette croissance a été financée par de la dette. La dette, parlons-en. Son ampleur menace l’économie américaine. Les dettes publiques (à un record !) et des entreprises ont atteint des seuils de dangerosité à faire rougir le Président…
Mais ce n’est pas tout, et c’est sans doute ce point qui conditionnera en partie sa réélection : jusqu’à présent, si l’emploi se porte bien, une promesse faite par Trump aux Américains ne se réalise pas : la hausse des salaires. Le pouvoir d’achat a à peine progressé depuis le début de la législature, en 2016. Étonnant au vu d’une activité pourtant "soutenue"… Enfin, il y a les dégâts collatéraux provoqués par la guerre commerciale qu’il a menée. Si une partie de ce combat est légitime - le déficit commercial avec la Chine était indécent -, les prix de nombreux biens de la vie courante augmentent aux États-Unis et l’industrie trinque. Les faillites dans le secteur agricole atteignent des proportions inquiétantes. "Make America great again", disait Trump. Certes. Mais les beaux discours ne font pas gonfler le portefeuille de ses concitoyens. Et le bilan économique sur lequel le Président comptait tant pour se faire réélire sera peut-être difficilement défendable.