"En Belgique, pour une vision énergétique durable, il faudrait prolonger 2 centrales nucléaires", selon des experts

Les subventions offertes aux propriétaires de panneaux solaires devraient être supprimées.

© LUC CLAESSEN - BELGA

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Par Pascale Bollekens

C’est sous ce titre très sobre "un approvisionnement énergétique durable pour la Belgique" qu’un groupe multidisciplinaire de chercheurs de la KU Leuven donne sa "vision", sur ce que devrait être la politique énergétique durable et abordable pour notre pays. Ces experts sont réputés et pointus dans leur domaine. Et, fait rare, ils prennent des positions plus tranchées qu’à l’accoutumée.


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Pour le professeur Stefaan Proost, si l’on veut réduire les émissions de gaz à effet de serre en Belgique, un certain équilibrage doit s’opérer : Avec le développement fulgurant des nouvelles technologies, il faut trouver un équilibre entre taxer les émissions de CO2 et des investissements nécessaires dans la recherche, et les subventions pour commercialiser de nouveaux produits, comme pour les panneaux solaires. Ce qu’explique le professeur c’est une certaine tendance des politiques à utiliser des subventions pour des actions difficilement tenables sur le long terme. Comme par exemple, la difficulté actuelle à supprimer les avantages donnés pour installer des panneaux solaires.

La neutralité carbone passe par la prolongation de 2 centrales

L’approvisionnement du futur en énergie sera dominé, selon ces experts, par l’électricité. Une électricité qui peut devenir neutre en carbone grâce au développement des énergies renouvelables et des nouvelles technologies nucléaires. Mais, comme la Belgique n’est pas la mieux placée, géographiquement, pour l’éolien (le vent) et le soleil, il faudra repenser à la transition, et envisager de garder deux de nos centrales nucléaires ouvertes plus longtemps que prévu.

Voitures et transition énergétique à revoir

Côté transport aussi, le politique peut mieux faire. L’Europe oblige les constructeurs automobiles à réduire de moitié les émissions de CO2 de nouveaux modèles d’ici 2030. Les experts estiment que ces industriels sont les mieux placés pour déterminer le rapport le plus rentable pour le climat entre mettre sur le marché des voitures aux combustibles fossiles plus économes en carburant ou des voitures électriques.

Le gouvernement n’a pas les compétences pour le faire. De plus, si les voitures électriques devenaient obligatoires ou subventionnées dans un pays, les constructeurs iraient vendre plus de voitures à essence ou diesel et moins chers ailleurs. Autrement dit, le "zéro" émission de CO2 en ville, comme le projet bruxellois, n’est peut-être pas la meilleure idée pour une transition intelligente. Une action concertée et raisonnée aurait certainement plus d’impact, selon les chercheurs.


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Idem pour les avions. Le trafic aérien paie par tonnes de CO2 qu’il émet. L’effet secondaire de cette mesure, c’est que, même si on arrivait à diminuer les voyages en avion sur notre continent, les émissions totales de CO2 en Europe ne diminueraient pas. Car ce qui n’est pas émis par un vol européen, le sera par un autre secteur comme l’industrie ou la production d’électricité. Il faut donc focaliser sur ce qui permet vraiment de réduire ces émissions. Comme par exemple les vols intercontinentaux qui représentent 2/3 des émissions totales de CO2 des vols, au départ ou à l’atterrissage, en Europe.

Bref, pour une transition énergétique réussie, il faudrait revoir la copie dans différents domaines. Le dernier exemple, concerne les bâtiments. Pour les rendre "climatiquement" neutres, les investissements sont difficiles à récupérer. En cause, selon ces chercheurs ? Une tarification biaisée, pas de taxe sur le CO2 pour le chauffage au gaz naturel ou au mazout mais bien pour l’électricité. Le résultat c’est que nous payons notre électricité trois fois plus cher que le coût de production réel, ce qui décourage les gens à installer des pompes à chaleur électriques… Pourtant une des alternatives les plus intéressantes au pétrole dans les campagnes.

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