Stéphane Bern : "Meghan veut bien les Rolls, les Bentley, les diadèmes, mais elle ne veut pas bosser pour la Couronne"

Cette décision constitue-t-elle un camouflet pour la famille royale britannique ?

Pas du tout, ils lui rendent un service incommensurable. Le prince de Galles fait en sorte que ce qui est présenté comme "la famille royale" soit réduit au noyau dur : la souveraine, son héritier Charles, l'héritier en second William et l'héritier en troisième George. Accessoirement aussi Charlotte et Louis qui sont les pièces de rechange. Harry n'a aucune place dans ce dispositif. Il a d'ailleurs accompli très peu d'occupations officielles en 2019. C'est le membre le moins actif avec son épouse.

Elle attendait un bébé puis a accouché...

Certes. Mais être princesse et prince, ce n'est pas un statut, c'est un métier. Ou vous acceptez d'en payer le prix, ou vous vous retirez.

Meghan ne semblait pas apprécier particulièrement la fonction.

Il y a plusieurs aspects concomitants. D'abord, elle ne supportait plus la pression médiatique. Mais je ne suis pas sûr que cette décision va la faire baisser, au contraire. A moins qu'ils s'isolent dans une cabane au Canada... Ensuite, le prince Charles demande que ses frères et les membres secondaires de la famille disparaissent de la photo pour faire des économies. Il faut justifier aux contribuables ce que coûte la monarchie. Le prince Charles a toujours dit que son deuxième fils serait obligé d'avoir un métier, de gagner sa vie.

Cette demande de Charles a-t-elle pu être mal acceptée par le couple ?

Pas du tout ! Ce qui est gênant aux yeux de la famille royale, c'est cette annonce par communiqué, qui passe pour un caprice d'une Américaine. C'est interprété comme "Ciao les gars, nous, on se tire".

Buckingham aurait préféré l'annoncer lui-même ?

Exactement. C'est une situation compliquée pour le palais, qui a été pris de court. La pression médiatique va augmenter. Et puis Harry annonce vouloir prendre ses distances et gagner sa vie. Mais quelle entreprise va l'embaucher ? Il va travailler avec le prince Andrew, qui était proche de Jeffrey Epstein ? Leur décision sent la précipitation suite à un voyage au Canada qui leur a plu. Tout aurait dû se préparer. Harry aurait dû rentrer dans l'armée ou devenir l'agent de Bentley, par exemple. Mais les signes avant-coureurs, je les ai annoncés...

Lesquels ?

Dans le message de Noël de la Reine, il n'y a plus la photo d'Harry et Meghan. Cela montre qu'on réduit la famille royale à sa plus stricte expression : les héritiers. En même temps, William a publié, sur le compte Instagram des Cambridge, une photo des quatre générations (la Reine, le prince Charles, lui-même, et George) pour bien signifier à Harry et Meghan qu'il n'y a plus de place pour eux.

Certains tabloïds écrivent que la décision pourrait aussi s'expliquer par une annonce fracassante : le prince Charles aurait admis à Harry qu'il n'est pas son père. Est-ce possible ?

Bien sûr que non ! Il lui ressemble tellement... Les tabloïds en font vraiment beaucoup. Ils décrivent aussi la reine Elizabeth comme étant désespérée suite à l'annonce d'Harry et Meghan. Mais elle a d'autres chats à fouetter : son mari sort de l'hôpital, Boris Johnson lui fait un Brexit dans le dos, les Écossais veulent se retirer, les Irlandais ne savent plus où ils sont... En plus, elle s'entend très bien avec Harry et Meghan, je suis sûr qu'elle a été mise dans la confidence. Mais elle est agacée par la mise en oeuvre de cette décision.

Leur décision n'est-elle pas un signe de modernité ?

Oui, dans le sens où la jeune génération estime qu'elle n'a que des droits, et pas de devoirs. Meghan veut bien les Rolls, les Bentley, les diadèmes, les robes longues, mais elle ne veut pas bosser pour la Couronne, elle ne veut pas qu'on vienne l'embêter. Quand vous épousez le prince Harry, vous épousez des millions de Britanniques -dont beaucoup de beaufs- qui tous les matins vous becquettent au petit déjeuner en regardant ce que vous avez fait la veille, comment vous êtes gaulée, si la robe vous va bien... Meghan avait juste oublié cet aspect : elle s'en prend plein la figure.

Elle est souvent présentée comme capricieuse, colérique, diva... Vous confirmez ?

Absolument. Mais, stratégiquement, cela arrange William et Kate. Ce couple qui incarne la modernité, voire une certaine liberté de mœurs, renforce leur côté "institution". En plus, tant que les médias se préoccupent d'Harry et Meghan, ils fichent la paix à William et Kate, qui sont juste parfaits. Je ne pense pas qu'il y ait de jalousie d'ailleurs. Que Meghan trouve Kate ennuyeuse, on peut le comprendre. Mais Kate était destinée à devenir reine d'Angleterre, ne l'oublions pas.

La mésentente entre Kate et Meghan n'est pas si forte que présentée ?

Elle a été amplifiée. Clairement, elles ne se ressemblent pas. Mais plus largement, dans les monarchies, les relations entre un frère destiné à monter sur le trône et son cadet sont compliquées. Regardez en Belgique ou au Danemark. Quelle est la place d'Harry ? Voilà la vraie question.

Avez-vous remarqué un changement dans son comportement depuis qu'il fréquente Meghan ?

Elle l'a stabilisé, l'a posé, mais il est sous sa coupe. Il fait ce que sa femme désire. Il a peut-être une personnalité influençable.

Dans son communiqué, Harry et Meghan évoquent leur envie de s'occuper de charité. Cela peut-il être un travail ?

Non, c'est une occupation. C'est d'ailleurs le rôle des princes. Je ne le vois pas devenir salarié d'une organisation humanitaire, ce serait mal perçu.

Pensez-vous que Meghan Markle va redevenir actrice ?

Je l'ignore. Mais elle peut tout à fait. La vraie question, c'est de savoir s'ils vont rembourser aux contribuables britanniques les deux millions d'euros qu'ils ont sollicités pour la maison confortable sur le parc de Windsor...