Avec "Before the Frost", Michael Noer signe un drame classique sur l’arrivisme dans le Danemark rural du XIXe siècle

Dans la campagne danoise des années 1850, Jens (Jesper Christensen) vit avec sa fille Signe (Clara Rosager) et ses deux neveux dans une petite chaumière. Paysan, il possède un peu de terres mais l’hiver s’annonce rude. D’autant que la récolte de blé n’a pas été à la hauteur de ses attentes. Autour de la table familiale, il dit le bénédicité avec ferveur, mais les assiettes demeurent quasiment vides. Humiliation suprême, le dimanche à l’église, vu la dégradation de sa situation financière, le diacre le prie de reculer d’un banc… Quand il ne reste plus à Jens de vache à céder, le vieil homme cherche à négocier son dernier bien… sa fille. Mais doit-il la "vendre" à son voisin Ole, petit paysan désargenté ? Ou à Gustav (Magnus Krepper), riche veuf suédois revenu s’installer dans le pays de sa mère ?

Connu notamment pour son décevant remake de Papillon, avec Charlie Hunnam et Rami Malek l’année dernière, Michael Noer a prouvé à Hollywood qu’il était un bon faiseur. De retour au Danemark, le cinéaste montre cette fois qu’il est également capable de signer un grand drame classique. Dans la lignée d’un Pelle le Conquérant de Bille August.

Un drame paysan

Inscrit dans les paysages automnaux glacés de la campagne danoise, Before the Frost se donne des accents balsaciens pour raconter le destin d’une famille de paysans pauvres prêts à tout pour échapper à la misère. Campé par l’excellent Jesper Christensen (vu notamment dans le James Bond Spectre ou dans Melancholia de Lars Von Trier), Jens est un personnage tragique, qui accepte un pacte quasi faustien pour sauver ses terres et son enfant. Et s’il semble agir tel un maquignon avec sa fille, qu’il n’hésite pas à marchander, il pense agir pour son bien.

Au-delà de cette tragédie familiale intime, Michael Noer dénonce ici le prix de l’avidité, mais aussi la douleur qui accompagne le renoncement à sa classe sociale. Il observe aussi les relations dano-suédoises et, à travers elles, les tout débuts du passage de la paysannerie à l’industrie agricole. Et ce à travers ce personnage de riche propriétaire terrien suédois ne mettant pas la main à la terre et chantre de la modernité, en misant notamment sur le passage de la culture du blé à celle de la betterave sucrière…

Autant de thématiques que Before the Frost aborde de façon très intéressante, à travers un scénario parfaitement tenu, des personnages travaillés et grâce à une mise en scène qui se fait classique pour se mettre au diapason de ce drame paysan digne d’un roman naturaliste du XIXe siècle.

Før Frosten / Before the Frost Drame rural De Michael Noer Scénario Michael Noer & Jesper Fink Photographie Sturla Brandth Grøvlen Musique Rune Tonsgaard Sørensen Avec Jesper Christensen, Clara Rosager, Magnus Krepper, Elliott Crosset Hove… Durée 1h44

Avec "Before the Frost", Michael Noer signe un drame classique sur l’arrivisme dans le Danemark rural du XIXe siècle
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