Les efforts de la N-VA pour revenir dans le jeu fédéral
Bart De Wever admet qu’il n’y a pas de majorité pour le confédéralisme. Une manière de tendre la main au PS.
- Publié le 13-12-2019 à 11h55
- Mis à jour le 13-12-2019 à 13h43
Bart De Wever admet qu’il n’y a pas de majorité pour le confédéralisme. Une manière de tendre la main au PS.
C’est une histoire de frigo… Le président de la N-VA, Bart De Wever, publiait sur Facebook, dimanche, une photo de lui sur laquelle on le voit en train de s’extraire… d’un réfrigérateur. En commentaire, il écrit : "Hier, je suis sorti du placard… du frigo" (en néerlandais, il y a un jeu de mots entre kast, armoire ou placard, et ijskast, frigo). Surtout, il ajoute : "J’ai aussi retiré le confédéralisme du frigo, car il me semble que ce pays est tout à fait prêt pour cela."
À l’affût, ses adversaires politiques, en Flandre, ont interprété cette phrase comme le signal que la N-VA s’exclut elle-même des négociations pour la formation du gouvernement fédéral. Le constat est là : à l’heure actuelle, il n’y a pas de majorité pour négocier le confédéralisme, même en Flandre. En plus, il faut savoir qu’une réforme de l’État nécessite une majorité spéciale (majorité des deux tiers du Parlement, plus majorité simple dans chaque groupe linguistique). Une configuration politiquement irréaliste dans le contexte actuel.
Le retour de la bourguignonne
"Le seul accord politique qu’il y a pour le moment, c’est le constat que la N-VA ne veut pas monter dans le gouvernement", disait en début de semaine un leader politique francophone. La N-VA sent-elle qu’elle va être mise hors jeu ? Possible. Toujours est-il que, mercredi soir, sur la VRT, Bart De Wever a expliqué que sa publication sur Facebook était "une blague", sans portée politique. "Nous sommes un parti confédéraliste car nous pensons que c’est la meilleure option pour ce pays, a-t-il poursuivi. Mais pour réaliser le confédéralisme, nous devons avoir une majorité des deux tiers." Et de terminer en disant que la N-VA négocierait avec les cartes qu’elle a en main.
D’aucuns voient dans cette sortie une ouverture de la N-VA vers le PS. Les nationalistes ont toujours dit que, s’ils devaient négocier avec les socialistes, ce serait pour concrétiser le confédéralisme. Leur position semble moins rigide. "On a toujours été ouverts à la bourguignonne" (cette coalition associant le PS et la N-VA), entend-on du côté nationaliste. "On va négocier avec notre programme et on verra ce qui est possible. Il existe cinquante nuances de gris en matière institutionnelle…" La conclusion, selon un observateur attentif de la vie politique fédérale, c’est qu’"il ne faut pas enterrer la piste PS/N-VA trop vite", qui est la seule alternative à un gouvernement arc-en-ciel (avec les socialistes, libéraux, écologistes, plus CD&V et/ou CDH).
Le gouvernement impossible
Cela dit, les ex-préformateurs Geert Bourgeois (N-VA) et Rudy Demotte (PS) avaient déjà testé la faisabilité d’une coalition bourguignonne. Avec un constat d’échec à la clé. Et même en éliminant le paramètre institutionnel, un gouvernement PS/N-VA reste difficilement concevable, compte tenu du passif qui oppose ces partis. À l’inverse, Paul Magnette est parvenu à rendre crédible l’arc-en-ciel.
Durant l’été, la N-VA avait fait passer le message que la responsabilité du blocage incombait au PS parce que celui-ci refusait de négocier avec elle. La donne a changé depuis la mission de M. Magnette. La pression est maintenant sur l’Open VLD et le CD&V, tous deux déchirés en interne entre la bourguignonne et l’arc-en-ciel.
À l’analyse, l’évolution du discours de M. De Wever peut suivre la stratégie suivante : il joue la carte du parti prêt aux compromis ; par conséquent, il accentue la pression sur le CD&V et l’Open VLD en espérant qu’ils tranchent en faveur de la bourguignonne ; pour, in fine, renvoyer la balle dans le camp du PS.